this used to be photo

Le Nouvelliste

Le ministre de la Justice Rockfeller Vincent justifie l’arrestation du juge de la Cour de cassation Yvickel Dabrésil

Feb. 9, 2021, midnight

Le Premier ministre Joseph Jouthe, le ministre de la Justice Rockfeller Vincent et le directeur général de la Police nationale d'Haïti Léon Charles ont annoncé avoir déjoué un projet de coup d’État contre le président Jovenel Moïse. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 6 au 7 février 2021 et impliquent notamment un juge à la Cour de cassation et une inspectrice générale de la Police nationale d’Haïti.  En conférence de presse le dimanche écoulé, le ministre de la Justice Rockfeller Vincent a cité les infractions commises par les personnes interpellées. « Nos services de renseignements ont déjoué hier soir une tentative de coup d’État et un grand complot contre la sûreté intérieure de l’État. Un groupe de personnes a tenté d’infiltrer le service de sécurité du palais national, ce, aux fins d’installer un juge de la Cour de cassation comme président provisoire. Ce juge se trouvait dans le même espace avec les comploteurs. La DCPJ et les parquets de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets ont protégé l’État. L’enquête criminelle va se poursuivre afin d’identifier les autres complices. Je demande aux parquets et à la PNH de rester vigilants afin de protéger la population », a déclaré Rockfeller Vincent, qui estime que les 23 personnes arrêtées ne sont que la « pointe de l’iceberg ».  Pour Rockfeller Vincent, le magistrat interpellé n’était pas protégé par l’immunité, argue-t-il, en raison de l’évidence de sa participation au complot. « Ces accusations sont appuyées par des articles, notamment les articles 66 et 67 du code pénal et l’article 186 alinéa d de la Constitution. C’est une honte pour un juge de participer à un complot de coup d’État. Le complot contre la sûreté de l’État est un crime. Le juge avait préparé son discours, signé un protocole d’entente. Cela dit, ce dernier avait des idées préconçues, une intention criminelle. Il se trouvait en compagnie autres comploteurs avec des armes automatiques, des armes de poing, des machettes, etc. Par conséquent, il ne pouvait pas jouir de l'immunité », a avancé le ministre.  Pour sa part, le Premier ministre Joseph Jouthe a évoqué une « opération catastrophe » ayant permis aux autorités policières et judiciaires de déjouer ce plan. « La police a interpellé 23 personnes et saisi un lot d’armes et de munitions ainsi que du cash. L’opération a été menée dans l’habitation Petit-Bois située à Tabarre. Parmi les personnes arrêtées figurent malheureusement un juge de la Cour de cassation et une inspectrice générale de la PNH. Ce que nous déplorons », a déclaré le PM Jouthe au cours d’une conférence de presse tenue en milieu de journée le dimanche écoulé en sa résidence officielle.  Plus loin, le chef du gouvernement a indiqué que les concernés avaient contacté le responsable de la sécurité du palais national et d’autres hauts gradés. Ces derniers, poursuit Jouthe, devaient arrêter le président Jovenel Moïse et le conduire à l’habitation Petit-Bois, « ce qui aurait facilité l’installation d’un nouveau président provisoire », explique-t-il.  Joseph Jouthe assure qu’il existe des preuves qui justifient ces arrestations. « La police était accompagnée de deux commissaires du gouvernement et d'un juge de paix. La police et la justice disposent de beaucoup de preuves. Je les ai vérifiées. J’ai entendu des conversations. On a trouvé des documents. Même le discours d’installation de l’éventuel président provisoire était déjà rédigé », a déclaré M. Jouthe. Selon le directeur général a.i. de la PNH Léon Charles, les forces de l’ordre ont saisi, au cours de l’opération, deux fusils M14, un mini-uzi et trois pistolets de calibre 9 mm. Le chef de la police a aussi révélé que l'institution qu'il dirige enquêtait depuis un certain temps sur plusieurs éléments déviants en son sein. « Nous allons éradiquer ces éléments qui ne font pas honneur à l’institution. Malheureusement, dans les prochains jours nous allons évoquer dans la presse l’attitude et le comportement d’une inspectrice générale. Cela ne fait pas honneur à l’institution. Que la justice fasse son travail !», a-t-il lancé.