Le Nouvelliste
Jérémie : L'hôpital Saint-Antoine peine à soigner les blessés par balle ou victimes d'accidents graves
March 11, 2020, midnight
À Jérémie, à cause de la disponibilité limitée des deux chirurgiens nommés par l'État haïtien, l'hôpital Saint-Antoine, l’unique centre hospitalier de référence pour le département de la Grand’Anse, peine à soigner les blessés par balle ou les victimes d'accidents graves. Ces derniers, en raison de l’urgence de leurs cas, sont le plus souvent transférés à l'hôpital Immaculée Conception des Cayes. «C'est inadmissible qu’au XXIe siècle on soit obligé d'aller dans un autre centre hospitalier à 95 km d'ici pour subir une opération chirurgicale», a exprimé un observateur avisé, avec inquietude. Contacté par Le Nouvelliste, le directeur départemental, le Dr Angelot Duverleson, a précisé que deux chirurgiens sont nommés à l'hôpital. Toutefois, a-t-il confié au journal, ils ne sont pas de service à plein temps, sinon pour une période de quinze jours, étant tous deux originaires de Port-au-Prince. L’une des victimes, revenue des Cayes, une pointe de colère dans la voix : «Alors, vous allez me faire comprendre que les chirurgiens payés par l'État sont là seulement pour 15 jours? Et les autres jours, ils font quoi? Il faut une solution rapide afin d'éviter le pire.» On peut rencontrer des cas d’individus gravement blessés qui, arrivés au service des urgences, ne peuvent plus franchir une seconde fois la barrière de l'hôpital, d’autres voient leurs vies s’éteindre sur le parcours Jérémie-Cayes, explique un jeune homme rencontré chez lui, car lui aussi a été victime quelques jours plus tôt puis soigné dans la métropole du Sud. Conscient du problème qui dure depuis des années et l'inquiétude des Jérémiens, le docteur Angelot Duverlson a indiqué qu’il est «en train de travailler d'arrache-pied avec l'appui de UNSPA afin d'en trouver une solution, dès le début du mois d’avril». En fait, l'idée, selon le médecin responsable, c'est d'intégrer chaque année des résidents d'origine grand'anselaise dans plusieurs services de l'hôpital Saint-Antoine de Jérémie en vue de combler ces vides constatés dans plusieurs services. Questionné sur un éventuel cas du coronavirus dans la Grand'Anse, le directeur départemental du MSPP explique: «Pour le moment, on travaille de concert avec le MSPP et je peux vous assurer qu’on a identifié déjà les communes pour mettre en plaçe des bâtiments de quarantaine, ce afin de recevoir les patients présentant des signes de l'infection du virus COVID-19. «Je ne peux rien dire de plus pour le moment, a t-il poursuivi, du moins, dès cette semaine, on va commencer avec une série de formations pour les agents de santé et la sensibilisation de la population.» L’essentiel, dans l’état actuel des choses, la population grand’anselaise a intérêt à redoubler de prudence pour éviter toute blessure grave susceptible de mettre sa vie en péril, étant donné l’incapacité de l’hôpital St-Antoine de Jérémie, dit hôpital de référence, à prendre réellement en charge de pareils cas.