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Le Nouvelliste

PetroCaribe : Etzer Émile regrette que les projets aient répondu à des besoins politiques et non économiques

Aug. 21, 2020, midnight

L’un des constats de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif dans le troisième rapport sur l’utilisation du fonds PetroCaribe c’est que la plupart des projets ont été engagés sans une évaluation des besoins. Une démarche qui est pourtant, selon l’économiste Etzer Émile, fondamentale. «  Dans tout projet d’investissement, l’élément fondamental c’est l’identification des besoins », a-t-il déclaré jeudi sur Magik 9. Sans vouloir minimiser les autres commentaires qui fusent à propos des résultats de l’enquête de la CSC/CA, Etzer Émile pense qu’avant même d’aller vérifier si les fonds décaissés ont été bien gérés, il faut d’abord regarder si les projets répondaient à des besoins économiques. Quel que soit le projet de construction d’infrastructures routières et de bâtiments, s’il ne s’inscrit pas dans une dynamique de production économique, c’est au départ de l’argent perdu, a-t-il affirmé. Etzer Émile regrette que les projets aient surtout répondu à des besoins politiques. «  Les projets ont été réalisés parce que des volontés politiques ont voulu qu’ils aillent dans un sens ou dans un autre ou qu'ils permettent à des gens d’empocher de l’argent », a affirmé l’économiste. Pour l’auteur de « Haïti a choisi de devenir pauvre », le dossier PetroCaribe a prouvé que les mécanismes de contrôle de nos institutions créés à cet effet sont défaillants. « Nous n’avons pas un système d’évaluation et de contrôle capable d’éviter certaines choses », déplore Etzer Émile qui va jusqu'à demander si ce système n’a pas été créé à dessein, c’est-à-dire dans le souci de faciliter la « corruption » et l’ « impunité». «  Ce n’est pas un hasard, a-t-il jugé. Ce système a été conçu et entretenu ». Etzer Émile reste sceptique quant à la réalisation d'un procès et à la punition des dilapidateurs du fonds PetroCaribe. «  Aussi longtemps que des gens qui avaient participé directement ou indirectement à cette opération sont à la manette, on ne peut pas s’attendre à quelque chose. Quand on parle de procès PetroCaribe, je ne suis jamais très enthousiaste car je sais qu’on n’y arrivera pas. En tout cas, pour l’instant », a-t-il déclaré, ce que nous avons aujourd’hui comme système est clairement lié à ce que nous sommes en train de dénoncer, a poursuivi Etzer Émile pour qui la bataille contre la corruption est aussi une bataille politique.