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Le Nouvelliste

L'opposition rejette en bloc l'appel au dialogue et la formation d’un gouvernement d’union nationale du chef de l’Etat

Sept. 26, 2019, midnight

Le "Secteur démocratique et populaire" ne dialoguera pas avec le chef de l’Etat. « Nous rejetons d’un revers de main l’appel au dialogue du président », a déclaré Schiler Louidor, qui ne prend pas au sérieux le chef de l’Etat. « A chaque fois qu’il se trouve dans une situation pareille, il met sur pied une commission de dialogue qui n'aboutit jamais à quelque chose de concret », critique Dr Louidor. Le "Secteur démocratique et populaire" ne va faire aucun « compromis » et n'acceptera pas de faire partie d'un « gouvernement de salut public » avec Jovenel Moïse.  « La solution de la crise passe inéluctablement par la démission et l’arrestation de Jovenel Moïse », a insisté Schiler Louidor, qui appelle la population à poursuivre la mobilisation pour exiger le départ du chef de l’Etat.«  Nous rejetons la proposition », a aussi indiqué Jean Charles Moïse. Le leader de la plateforme Pitit Desalin dit écarter toute possibilité de dialogue avec le président Jovenel Moïse en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.«  Le pouvoir de convocation du chef de l’Etat s’est épuisé il y a longtemps. Il a déjà essayé et personne n’avait accepté de s’asseoir avec lui.  L’heure du dialogue avec Jovenel Moïse et de trouver un accord politique est dépassée. Il a menti à beaucoup trop de gens, il s’est moqué d’eux », a déclaré . « Qui sont sérieux et pourvus de bon vont accepter de dialoguer avec un président sourd aux revendications de la population? », se demande la présidente de la Fusion des sociaux démocrates.  Une fois de plus, dit-elle, le président Jovenel Moïse a prouvé à la nation et au monde entier qu’il ne peut pas faire le travail. « Après plusieurs mois de silence, il a montré qu’il a peur de regarder dans les yeux la population qui exige sa démission quand il a choisi de donner son adresse à deux heures du matin au moment tout le monde  dormait », déplore Edmonde Supplice Beauzile.  L’adresse à la nation du chef de l’Etat prouve qu’il ne comprend absolument rien dans la crise qui secoue le pays. Les jours du président sont comptés, croit-elle.  Mme Bauzile appelle à une « intensification » des mouvements de mobilisation.Pour Joël Edouard Vorbe de Fanmi Lavalas, le président de la République n’a fait que verser de l’huile sur le feu de la mobilisation. Il reproche au chef de l’Etat d’avoir appauvri et divisé davantage la population et fait de la corruption une règle.   « Le président n’a rien dit de nouveau », analyse, pour sa part, Edgard Leblanc Fils, qui s’attendait à des annonces concrètes visant à enrayer la misère, l’insécurité, la corruption qui gangrène les institutions haïtiennes. Ce n’est pas la première fois que le président a exprimé sa volonté de mettre sur pied un gouvernement de consensus ou d’union nationale. Il l’a évoqué à plusieurs reprises ces six derniers mois. Le coordonnateur de l’OPL s’attendait à ce que le chef de l’Etat précise dans son discours la manière dont il va procéder pour  donner vie à ce gouvernement.  « Personne ne va discuter avec le président. Il n’a plus de pouvoir de convocation. On ne le fait plus confiance. On ne croit plus à sa parole», affirme Edgard Leblanc Fils soulignant que les précédentes convocations de Jovenel Moïse n’ont pas abouti. Se référant à l’expérience ratée après les événements des 6 et 7 juillet 2018, l'ancien sénateur pense que la présidence a prouvé son incapacité d’initier un grand dialogue national. Edgard Leblanc Fils n’écarte cependant pas totalement la possibilité de dialoguer avec le président de la République. Mais pour cela, dit-il, la présidence doit envoyer des signaux clairs tels : aménager une nouvelle orientation du pays sur le plan général et mettre sa démission sur la table de négociation.Pour le coordonnateur du secteur populaire, René Momplaisir, la parole du président de la République n’a plus aucun effet. «  La seule chose qu’il puisse faire c’est d’annoncer sa démission et d’attendre le sort que lui réserve la justice », indique le militant proche de l’ex-président René Préval. Jovenel Moïse ne s’est d’ailleurs pas exprimé comme un chef d’Etat mais plutôt comme un "simple coordonateur de Casec", fait remarquer René Momplaisir qui regrette que les vrais problèmes de la nation, le massacre de La Saline, les actes d’insécurité dans les quartiers populaires ne soient pas adressés dans le discours du président haïtien.