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Le Nouvelliste

Université et partage du bien commun en Haïti

Dec. 23, 2019, midnight

« Que l’année 2020 soit l’année de la poursuite et du partage du bien commun !». C’est par ces propos que le vice-recteur aux affaires académiques de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le professeur Hérold Toussaint , termine la conférence de presse qu’il a prononcée   le  vendredi 20 décembre 2019 au rectorat de l’UEH à Port-au-Prince. Cette conférence de presse, organisée autour du thème « Université et partage du bien commun », a été l’occasion pour le professeur Toussaint d’attirer l’attention des acteurs sur la nécessité de créer des conditions sociales justes grâce à une utilisation équitable des richesses du pays. Le bien commun, c’est « tout ce qui matériellement ou spirituellement contribue au bien-être d’un groupe. Il est l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection », souligne le vice-recteur de l’UEH, qui estime que le partage du bien commun en Haïti est une question épineuse depuis la fondation du pays. Dès leur plus jeune âge, les Haïtiens et Haïtiennes devraient apprendre à connaitre les biens (matériels et immatériels) dont dispose le pays. C’est ce qui permettra aux jeunes de développer un esprit d’appartenance au pays. Le bien commun est intimement lié aux conditions sociales. Cela implique la possibilité pour chacun d’avoir un logement adéquat, accès à l’emploi, à une éducation de qualité, à des soins de santé. Le non-respect du bien commun aboutit à la marginalisation qui est une situation de mépris de la dignité humaine. La marginalisation conduit inéluctablement à la violence. Le dialogue et la paix ne sont pas possibles dans une société où les citoyens et les citoyennes sont marginalisé.e.s, estime le professeur Toussaint, qui plaide pour un climat de justice sociale dans le pays. « Il n’y a pas de bien commun sans justice sociale et solidarité. La justice demande un niveau minimal de solidarité pour que les membres de la société puissent vivre dans des conditions de dignité élémentaire.  La norme de la justice sociale énonce un degré de solidarité, indispensable pour une vie digne. La justice requiert, par exemple, que les besoins fondamentaux des travailleurs soient pris en compte lors des fixations de justes salaires. » En ce sens, le professeur attire l’attention sur deux formes de justice sociale. Il s’agit d’abord de la justice distributive qui se préoccupe de la manière dont les membres de la société partagent les biens que génère leur vie en commun. Cette justice traite de l’allocation du bien commun de façon qu’il conduise au bien-être des membres. Il y a aussi la justice contributive qui implique le devoir pour tous les citoyens de participer à la mise en place de ces facteurs dans la mesure de leur possibilité. L’un des moyens d’assurer la justice contributive, c’est l’obligation de payer les impôts. Il faut sensibiliser les citoyens à l’importance des impôts. Dans ce contexte, le rôle de l’université est fondamental pour aider les acteurs à mieux comprendre cette réalité. Puisque l’université a pour tâche de rechercher, d’établir et d’enseigner la vérité, la question de la protection et du partage du bien commun doit être constamment débattue en son sein. Le corps enseignant, les étudiants et le personnel administratif doivent être sensibles à tout ce qui relève du bien commun. Le professeur plaide pour les départements d’éthique au sein des universités haïtiennes. Elles doivent organiser des matinées ou des soirées de débat autour des grandes questions qui relèvent de l’éthique publique. Cette conférence de presse a fait suite à la publication en mai 2019 du livre du professeur Hérold Toussaint, intitulé Justice sociale et culture du dialogue selon le Pape François.  Il s’agit d’un livre qui reprend largement le débat de la justice sociale à travers les documents de l’enseignement social de l’Église tout en mettant l’accent sur la nécessité d’une refondation de la politique.