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Le Nouvelliste

À la rencontre de Natacha Clerger, élue américaine « représentant Haïti dignement aux USA »

Jan. 30, 2020, midnight

À entendre Natacha Clerger décliner son parcours, on décèle aisément chez elle sa passion pour les études.  Un parcours qui sans doute ne la prédestinait pas au maniement des armes même si elle a revêtu le treillis de l’armée américaine pendant huit ans.   Avant de poser ses valises définitivement chez l’Oncle Sam en 2005, dix ans plus tôt, elle s’est d’abord rendue chez nos voisins de la République dominicaine pour  quatre années d’études en relations internationales. De retour au pays natal, elle s’exerça un temps en tant que « sales marketing » pour quelques entreprises de la place mais n’y a fait pas long feu puisqu’en 1999 elle s’envole pour la France où elle a vécu pendant six longues années tout en s’adonnant à des études en secrétariat médical trilingue.  « Je n’ai jamais voulu changer de nationalité », confesse Natacha Clerger qui rêvait, confie-t-elle, de revenir faire de la politique en Haïti. Mais les récents scandales de corruption ayant secoué la classe politique haïtienne ces dernières années – entre déboires du pouvoir et limites affichées par l’opposition – ont solidement entamé sa dernière poche de résistance. Elle est sortie déçue de la piètre prestation de nos politiques, de part et d’autre. « Même si je compte des amis dans les deux camps, je suis assez lucide pour faire le distinguo entre amitié et politique ». Le déclic s’est produit lorsqu’il lui a fallu pourvoir le siège qu’elle occupe actuellement grâce à un consensus pour garder un Noir au pouvoir. « C’est à ce moment que j’ai changé de nationalité pour poser ma candidature », se rappelle la Councillor-at-Large de Randolph. L’intitulé du poste Councillor-at-Large se rapproche plus ou moins de la dénomination française du conseiller municipal mais il va au-delà, précise Natacha Clerger, puisqu’il prévoit dans ses attributions de voter les lois devant régir la cité, veiller à la bonne marche de la ville, disposer du budget de la police, des écoles, entre autres. Avec une population estimée à 70% de Noirs, dont 50% d’origine haïtienne, Natacha Clerger a trouvé en Randolph un terreau fertile à ses aspirations politiques. Elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle entend booster sa carrière politique en prétendant à un poste électif beaucoup plus prestigieux qu’elle s’est toutefois gardée de nous révéler. Ainsi, lorsque le moment viendra pour Natacha Clerger de mettre le pied à l’étrier, elle pourra tabler sur son vote contre l’augmentation des taxes et son programme de distribution de fruits et légumes aux employés fédéraux durant le « shutdown » – qui m’ont rendu très populaire, s’enorgueillit la native de la cité d’Antoine Simon – comme « assets » pour avoir une longueur d’avance sur la concurrence. « J’ai ensuite étendu ce programme de distribution aux personnes dans le besoin qui, de manière permanente, reçoivent chaque semaine une ration de fruits et légumes frais », se réjouit la très dynamique Natacha Clerger, également propriétaire d’un business de traiteur et d’« event planner », qui planifie le lancement prochainement d’un cours de cuisine haïtienne, très appréciée par la communauté de Randolph. Avec ces réalisations aussi intéressantes à son actif, loin de se reposer sur ses lauriers, la « Councillor-at-Large » – première Haïtienne d’origine à accéder à ce poste à Randolph – est en train de peaufiner son cheval de bataille pour le reste de son mandat. Dans un premier temps, elle entend instaurer un programme pour venir en aide aux chômeurs en leur (ré) apprenant  à rédiger un CV, passer avec brio un entretien d’embauche, élaborer un plan d’affaires... Dans un second temps, elle projette d’ouvrir une maison de transition pouvant accueillir des gens en difficulté comme un conjoint en instance de séparation dans l’obligation de payer le gîte et le couvert à sa femme et ses enfants tandis qu’il cherche à se reloger à son compte. Ayant à cœur le bien-être de ses mandants, la « Councillor-at-Large » nous apprend qu’elle va présenter une loi reconnaissant toutes les fêtes nationales des pays dont sont issus les habitants de Randolph. « Nous avons commémoré dernièrement le 18 mai haïtien ainsi que l’indépendance nigérienne », déclare fièrement cette Haïtienne de chair et d'âme Américaine de raison pour qui jusqu’ici une carrière politique des plus intéressantes se profile sur l’échiquier politique étasunien au niveau local.