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Le Nouvelliste

Choix d’un Premier ministre : « Nous allons tout droit vers une catastrophe », prévient Jean Hector Anacacis

March 4, 2020, midnight

Vieux routier de la politique, l’ancien sénateur Jean Hector Anacacis, prêtre vaudou, ne prévoit rien de bon pour le président Jovenel Moïse qui a fait choix cette semaine d'un Premier ministre. Plusieurs acteurs politiques ont dénoncé le choix unilatéral du chef de l’Etat. En agissant ainsi, le président de la République doit s’attendre à des assauts plus terribles que ceux qu’il a déjà connus jusqu’ici. « C’est maintenant que le président Jovenel Moïse va expérimenter ce que c’est la bataille politique en Haïti. Ce qu’il avait vécu dans la période de « peyi lòk » n’est rien par rapport à ce qu’il va vivre », prévient le fondateur de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (LAPEH). « Nous allons tout droit vers une catastrophe. La bataille politique va être beaucoup plus serrée. Le président va devenir fou », prédit l’ex-sénateur du département de l'Ouest, qui a mis le doigt sur un sérieux déficit du chef de l’Etat. Le président ne connaît pas suffisamment la classe politique. Ceux qui sont autour de lui non plus ne connaissent pas la classe politique. Il n'a aucune personne-frontière qui puisse discuter avec les acteurs politiques. Il n'a confiance en personne. » Alors que l’organisation des élections constitue l’un des principaux objectifs du pouvoir exécutif, Jean Hector Anacacis dit ne pas voir comment le président va discuter avec la classe politique de la formation d’un Conseil électoral. « Nous allons vers une transition », prédit l’ex-sénateur convaincu que le président ne bouclera pas son mandat. Le Premier ministre tombera avec lui et ceci, quel que soit le cas de figure, selon Jean Hector Anacacis qui a été pendant un certain temps pressenti pour être Premier ministre. Sur les ondes de Magik 9, il confie qu’il n’était jamais intéressé. Son explication : il était sûr qu’il n’aurait pas les moyens de sa politique. « Si l'on est Premier ministre aujourd’hui on doit pouvoir faire quelque chose en faveur de la population, mais où va-t-on trouver l’argent », se demande-t-il tout en soulignant que les pays amis d’Haïti ne vont pas délier les cordons de la bourse parce qu’ils ont leurs propres problèmes à gérer. Jean Hector Anacacis a notamment évoqué le cas du coronavirus qui est près de devenir une pandémie mondiale. « Quiconque accepte le poste de Premier ministre dans les conditions actuelles va tout droit vers l’échec », soutient-il. Il dit souhaiter un gouvernement techno politique. « Dommage que le président et ceux qui l’entourent n’aient pas la même lecture que moi », s'inquiète-t-il. Jean Hector Anacacis affirme plus loin qu’il était favorable au maintien de Jean Michel Lapin au poste de Premier ministre parce que, selon lui, ce dernier n’est pas conflictuel. Il avait déjà commencé à faire le sale boulot », poursuit l’ex-sénateur qui l’avait clairement signalé au président de la République. Toutefois le chef de l'État lui a fait comprendre que l’international souhaite un autre leadership. « Si c’est vrai, l’international ne peut pas dire qu’il a pris note puisqu’il a voulu qu’il y ait un autre leadership », précise l’ex-sénateur. De son côté, le BINUH a été informé de la nomination de M. Jouthe par voie de presse et en a pris acte », a confié Mme Helène Meager La Lime, cheffe du BINUH, au journal mardi.