Le Nouvelliste
Covid-19 : L’éducateur Augustin Nelson estime que la question de la formation à distance crée plus d’inégalités dans le système
May 8, 2020, midnight
Avec la paralysie provoquée par le coronavirus (Covid-19), les écoliers haïtiens perdent davantage de jours de classe qu’ils n’en avaient déjà perdus pendant les semaines de « peyi lòk ». Pour sauver l’année scolaire, le ministre de l’Éducation nationale, Pierre Josué Agénor Cadet, a envisagé la formation à distance pour les écoliers. Une option que l’éducateur Augustin Nelson, directeur du Collège Canado-Haïtien, croit capable de générer plus d’inégalités dans le système. Il était invité mardi dernier à l’émission « Haïti, Sa k ap kwit ? » sur Télé 20 pour analyser la situation. « La question de la formation à distance vient créer plus d’inégalités dans le système », estime l’éducateur. À son avis les conditions ne sont pas réunies. Beaucoup de parents n’ont pas le même accès à l’Internet. Beaucoup d’enfants ont des difficultés pour posséder les outils numériques nécessaires. Ils n’ont pas tous les mêmes capacités pour suivre ces cours qui se dispensent en ligne. Pour Augustin Nelson, il s'agit d'un problème sérieux sur lequel la communauté scolaire doit réfléchir afin de trouver une solution commune. Selon le frère Nelson, acteur du système, nous n’avons pas d’autre choix que de sauver l’année scolaire. Mais il faut que les acteurs appartenant à la communauté scolaire puissent se réunir pour discuter et trouver une porte de sortie. La situation est complexe. Personne n'a la solution miracle, croit le responsable, qui insiste sur la nécessité de trouver un consensus. « J’invite toute la communauté pédagogique à mettre toutes ses énergies ensemble pour aller vers des débats constructifs autour de la crise et pour déterminer ce qui est favorable aux écoliers...», appelle le directeur du collège Canado-Haïtien, invitant les acteurs à agir dans l’intérêt des écoliers qui représentent l’avenir de la société. Toutefois, le frère Augustin Nelson, qui prône l’intégration du numérique dans l’enseignement scolaire, invite les acteurs de l'éducation en Haïti à réfléchir sur la qualité de l’enseignement reçu par les écoliers pendant le nombre de jours déjà passés dans les salles de classe après la période de « lòk ». Par ailleurs, si l’on veut réduire les inégalités dans le système éducatif, le frère Augustin Nelson estime que cela doit impliquer d’abord une prise en charge de la société des problèmes de l’éducation. Pour lui, il faut profiter de la situation pour faire de l'éducation autrement dans le pays afin d'avoir une nouvelle société. « Il faut avoir une école qui forme pour la société. Cela nécessite la réflexion sur une réforme cohérente, comme projet de société », avance le responsable, qui pense que le coronavirus offre l’occasion de repenser l’école haïtienne.