Le Nouvelliste
Des écoles nationales détruites après le séisme pataugent dans la précarité dix ans plus tard
Feb. 6, 2020, midnight
À l’école nationale de Thor, l’apprentissage se fait au prix d’énormes sacrifices. Depuis 2016, quelque 700 filles et garçons partagent leur quotidien entre un terrain rocailleux et deux hangars en mauvais état que le lycée Henry Christophe n’utilise plus. La construction de l’école devrait durer huit mois. Après plus de trois ans, deux bâtiments en béton armé sont sortis de terre. Il ne manque que la construction d’un bloc sanitaire, des balustres, des portes et le bétonnage de la cour. Entre-temps, les engins et travailleurs de la firme sont remplacés par les marchandises et des commerçants qui occupent les lieux. Le chantier qui fonctionnait par intermittence est à l’arrêt depuis des mois. Jean-Marie Ritha Clerger, la directrice de l’école nationale de Thor à Carrefour, ne veut pas baisser les bras. Après que la cloche bruyante a sonné la rentrée, elle demande aux enfants d'entonner l'hymne qui retrace l’importance de l’école et de l’hygiène. Disposant de 17 salles, l’école est contrainte d’entasser ses élèves dans les six salles prêtées par le lycée. À chaque nouvelle année scolaire, de petites réparations sont effectuées au niveau des hangars en décrépitude. Durant la période sèche, raconte-t-elle, des nuages de poussière envahissent les salles de classe. Ce qui manque à la finition des travaux de reconstruction de cette école est moindre par apport à ce qui a été fait. Toutefois, elle s’inquiète de ne pas savoir quand la reconstruction sera achevée. À Pétion-Ville, l’école nationale de la République du Guatemala a connu ce même retard dans l’avancement des travaux de son bâtiment. Lancés à la même année, ces deux chantiers ont longtemps traîné pour des raisons peu évidentes, selon Lyonel Ernst Dorcélus, directeur de la firme d’exécution. Ce dernier annonce que l’ancien bâtiment en réparatrion, abimé par le temps, qui accueillait les élèves ces dix dernières années en décembre, sera livré à la mi-janvier. Des travailleurs s’activent à donner un coup de neuf à cette bâtisse entourée d’un échafaudage. Juste à côté est situé un nouveau bâtiment de trois niveaux avec neuf nouvelles salles de classe plus attrayantes et spacieuses qui sera livrée dans deux mois au plus. L'électricité, l'eau potable, des armoires, des toilettes en bon état ne manqueront plus au personnel et aux élèves. Les travaux de réparation de deux écoles étaient financés par la BID à travers l'unité technique d’exécution du ministère des Finances. Des écoles traitées en parents pauvres L'école nationale République du Panama, dont le premier pavillon fut détruit lors du séisme, a plutôt l’air d’un endroit vétuste et abandonné que d’une institution scolaire. Située à la rue Montalais, en face du lycée Pétion, à quelques mètres du Palais national, l’école nationale République du Panama figure parmi les écoles publiques du pays qui n’ont pas encore de nouveaux bâtiments antisismiques et adaptés à l’apprentissage depuis le séisme du 12 janvier 2010. La structure provisoire, érigée à la place de l’ancien bâtiment qui sert de salle de classe, est dans un état de délabrement très avancé. Quatre salles de classe exiguës y ont été aménagées. Les deux autres salles se trouvent du côté de la direction. Les élèves qui fréquentent cette école ainsi que les enseignants sont toujours mal lotis. L’école nationale Virginie Sampeur a toujours été logée dans une vieille maison délabrée au Champ de Mars. Après le tremblement de terre, les élèves suivent les cours dans des hangars à la rue Capois. Malgré tout, cette école a accueilli des élèves de plusieurs autres écoles nationales comme République du Chili et République du Brésil qui est toujours en quête de son propre bâtiment, car ele est logée à l’école Célie Lilavois, fraîchement reconstruite. Actuellement, ce sont les élèves du lycée national de La Saline fuyant l’insécurité qui y ont trouvé refuge. Les écoles reconstruites par des fonds étrangers Les rares écoles nationales complètement reconstruites après le séisme le sont par des financements étrangers. En 2014, un nouveau bâtiment à l’école nationale République d’Argentine a été inauguré avec quatre nouvelles salles de classe, une cuisine, un bloc administratif et un bloc sanitaire. Ces travaux ont été financés par la Fondation Clinton via le financement du constructeur d’avion américain Boeing. En 2016, la Coopération suisse a livré aux autorités haïtiennes un bâtiment moderne fait en béton armé pour accueillir les élèves de l’école nationale République des États-Unis. L’école a été reconstruite sur une surface de 992 mètres carrés et compte aujourd’hui 14 salles de classe avec une capacité d’accueil de 960 élèves. Quant à l’école nationale République du Chili, détruite lors du tremblement de terre de 2010, elle a coûté 2 millions de dollars au gouvernement chilien et accueillie environ 500 élèves. Il s’agit d’un complexe de trois bâtiments dont chacun possède trois niveaux. Le ministre actuel de l’Éducation nationale, Pierre Josué Agénor Cadet, a souvent affirmé que 30 nouvelles écoles nationales ainsi que les lycées du Cent-Cinquantenaire, Marie-Jeanne, Daniel Fignolé, Jean-Jacques Dessalines et George et Antoine Izméry allaient être construits pour augmenter le parc scolaire national. Dans ces lycées notamment, les élèves, suivent des cours dans des hangars en piteux état. Jusqu’à présent, aucun de ces chantiers n’a débuté.