Le Nouvelliste
Les négociations politiques à l’arrêt… pas d’accord à l’horizon
Feb. 12, 2020, midnight
De la nonciature apostolique à un autre endroit tenu secret, les acteurs politiques ont multiplié rencontres, négociations et discussions qui n’ont abouti à quoi que ce soit. Du moins pour l’instant. Si pour Jean Robert Charles, responsable du Comité haïtien d’initiative patriotique (CHIP), initiateur des pourparlers, le processus est lent, d’autres acteurs ont déclaré au journal que pour le moment les négociations sont tout simplement à l’arrêt… « Pour le moment, les négociations sont à l’arrêt. Après les rencontres à la nonciature apostolique, nous avons cru pouvoir arriver bien vite à la signature d’un accord sur la crise, mais cela n’a pas été le cas », a regretté un membre de la société civile impliqué dans les négociations. « On n’arrive pas à s'entendre sur le calendrier dans lequel figurent la réduction du mandat du président de la République, la conférence nationale, l’Assemblée constituante, le référendum, les élections, entre autres », a-t-il fait savoir. Ce dernier a souligné que les acteurs n’arrivent pas non plus à se mettre d’accord sur le choix d’un Premier ministre et la formation du cabinet ministériel. « J’accepterais un Premier ministre de l’opposition et une réduction de mon mandat, mais seulement après l’adoption d’une réforme constitutionnelle renforçant la présidence », avait confié à l’Associated Press le président Jovenel Moïse, vendredi 7 février 2020. Interrogé sur les déclarations de Jovenel Moïse, notre contact de la société civile, partie prenante dans les négociations politiques, a indiqué qu’entre les promesses du chef de l’Etat dans la presse et le comportement de ses représentants dans les rencontres, il y a un monde de différence. « Le président fait ces déclarations pour la consommation internationale. Dans les séances de négociations, c’est tout autre chose… », a-t-il dit. En revanche, notre source a souligné que les portes des négociations ne sont pas fermées en dépit du sentiment de découragement qui affecte les acteurs de l’opposition. Pour sa part, Jean Robert Charles, responsable du Comité haïtien d’initiative patriotique (CHIP), initiateur des pourparlers, ne veut pas parler de suspension des négociations. « Le processus est lent », a-t-il rappelé. « On espère toutefois que les acteurs feront montre de bonne volonté. Le processus est lent, mais les acteurs continuent de se rencontrer… », a-t-il ajouté. D’autres acteurs politiques signataires de l’Accord de Marriott contactés par Le Nouvelliste ont exprimé leur doute concernant la signature d’un accord issu de ces négociations qui battent de l’aile. C’est en mode cloche de bois que le président de la République avait fêté ses trois ans au pouvoir le 7 février dernier. Jovenel Moïse, qui devait s’adresser à la nation vendredi après-midi pour faire le bilan de ses trois ans à la tête du pays et parler des négociations politiques, s’est ravisé à la dernière minute, selon ce qu’avait fait savoir au journal une source proche du Palais national. La solution concertée à la crise politique par les négociations avec des leaders politiques et de la société civile que le chef de l’Etat tente de trouver depuis plusieurs semaines est pour le moment dans une impasse.