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Le Nouvelliste

Rareté de carburant : des hôpitaux dans l’impasse

Sept. 3, 2019, midnight

Certaines réserves de carburant des hôpitaux sont déjà à sec tandis que d’autres s’épuisent considérablement. Les responsables des hôpitaux du pays ont sonné l’alerte vu la rareté de carburant sur le marché haïtien. Cette rareté dont les conséquences se font déjà sentir risque d’aggraver le fonctionnement du système sanitaire déjà moribond. « Oui, nous avons des problèmes de carburant », ont laconiquement martelé les responsables de l’hôpital Bernard Mevs joint par le journal mardi 3 septembre 2019. Inquiets, les médecins précisent que leurs réserves s’épuisent à foison. « Nous pouvons tenir encore jusqu’à 48 heures. Si le problème n’est pas résolu, nous allons devoir fonctionner en demi-teinte », ont-ils révélé. Fonctionnant 24/24, l’hôpital Bernard Mevs dispose de l’un des blocs opératoires les plus équipés en Haïti. Aujourd’hui avec l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, ce centre hospitalier est devenu la référence en termes de prise en charge des traumas. Les responsables de la maternité Isaïe Jeanty des hôpitaux prient déjà le ciel pour que le problème de la rareté de carburant soit résolu. Déjà une semaine depuis la gazoline se faire rare. « On est à la merci de l’Electricité d’Haïti (ED’H)», a expliqué le directeur médical de la maternité Isaïe Jeanty, le Dr Chantal Junior Datus, contacté par le journal. Depuis la rareté, assure le médecin, pour faire fonctionner cet hôpital public, le Dr Chantal Junior Datus se tourne vers le marché informel afin de se procurer des galons d’essence, payant des prix exorbitants.  « Certaines fois, on n'en trouve même pas », a-t-il affirmé, faisant remarquer que la maternité Isaïe Jeanty en fait déjà les frais. Il qualifie la situation à une forme d’insécurité sociale. Voulant couper court aux rumeurs faisant croire que l’hôpital qu’il dirige ferme ses portes, il ajoute que l’hôpital Chancerelles fonctionnait à plein régime avant cette situation de rareté de carburant. Pour sa part, la responsable de l’hôpital Saint-Damien de Nos Petit-Frères et Sœurs, centre pédiatrique de référence du pays, a indiqué que les réserves de l’hôpital sont au plus bas. Le Dr Jacqueline Gautier fait savoir que son hôpital n’est pas alimenté par  l’EDH et que les réserves peuvent assurer jusqu’à 72 heures. Sans carburant, l’hôpital ne pourra pas desservir les enfants dont lui seul, peut assurer la prise en charge. « Une livraison attendue aujourd’hui n’a pas pu être faite à cause de l’insécurité qui prévaut dans les rues. Le fournisseur préfère attendre », a indiqué le médecin qui se fait du souci pour ses patients, et s’inquiète de la sécurité de ses employés. « L’hôpital St-Luc n’est pas en situation de pénurie. Mais si ça perdure, ce sera la catastrophe », s'est alarmée le Dr Nathalie Colas, directrice de l’institution hospitalière qui dit avoir reçu un e-mail de celui qui gère le système électrique de l’hôpital, lui demandant de réduire la consommation d’énergie de celui-ci. Dans les villes de province, l’impact est aussi palpable. Pour le moment, l’impact de la rareté se fait sentir sur l’hôpital universitaire de Mirebalais uniquement au niveau de la difficulté de déplacement des employés, a confié le Dr Pierre Marie Cherenfant, directeur médical de l’HUM. Il assure que les réserves de l’hôpital peuvent servir jusqu’à six jours. Les hôpitaux du DASH en difficulté... Le problème d'essence a un impact extrêmement grave sur le fonctionnement de tous les hopitaux publics et privés du pays et aussi sur les 20 structures médicales et les sept hopitaux du DASH. Selon le Dr Ronald Laroche, le nombre élevé de patients fréquentant toutes les infrastructures de cette institution se détériore du fait que ces dernières sont réparties sur toute la zone métropolitaine et qu'elles s'étendent aussi au Cap-Haïtien et sur la Côte- des-Arcadins. Un tel déploiement de structures rend encore plus difficile leur approvisionnement. Cette situation est d'autant plus frustrante lors que les autorités sanitaires n'ont pas eu le réflexe d'établir un cordon privilégié pour approvisionner les hôpitaux en carburant, poursuit le Dr. Laroche. « Comment peut-on en effet effectuer des interventions chirurgicales, des césariennes, des accouchements dans des salles privées d'énergie électrique due au silence des génératrice, se demande le Dr Laroche. Se priver de faire des examens de laboratoire ou des radiographies est une chose mais ne pas faire fonctionner les services chirurgicaux et d'urgence en est une autre.» En fait, toutes les structures du DASH sont autonomes en terme d'énergie avec les systèmes solaires installés à tous ses points de service, confirme le Dr Laroche. La seule exception, menace-t-il, sont les transports ambulanciers qui ne sont réservés qu'aux cas d'extrême urgence comme celui d'aller récupérer du sang au Centre de transfusion sanguine. «Ces solutions d'appoint ne sauraient cependant être la norme pour un fonctionnement normal d'un système national de santé, même en cas de crise de carburant», estime le Dr. Laroche.