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Le Nouvelliste

Réouverture du pays : la cellule scientifique prévient sur le risque d'introduire de nouvelles souches du virus SARS-COV-2 en Haïti

June 15, 2020, midnight

La situation des Haïtiens qui retournent en Haïti inquiète et mérite d'être abordé avec beaucoup de rigueur. «Le malheur pourrait venir de l'Est», avait prévenu un observateur avisé, à la suite du constat des premiers cas en Haïti, faisant allusion aux flux continus de compatriotes qui traversent la frontière haïtiano-dominicaine quotidiennement.  À cela s'ajoutent les déportations des Haïtiens incarcérés aux États-Unis vers Haïti depuis le mois d'avril 2020.Forte de ces considérations, la cellule scientifique avait attiré l'attention des autorités sur le fait que «ces déportations représentent un fort risque d'introduction de nouvelles souches du virus SARS-COV-2 sur le territoire national».  Au moment où le gouvernement songe à rouvrir le pays, les membres de la cellule scientifique de la gestion de la crise de la Covid-19 en Haïti rappellent que leurs rôles consistent a priori à «prévenir sur une situation qui risque de compromettre les efforts de prévention et, a posteriori, accompagner l'État dans ses prises de décision en vue de limiter les dégâts». Selon le centre national de Bio-information chinois plus de 7 500 mutations du nouveau Coronavirus ont été observés depuis son apparition. En Europe deux nouvelles souches identifiées ont produit des effets contradictoires. L'une serait plus dangereuse que l'originale, l'autre montrerait à l'inverse un possible affaiblissement du Virus. Si en Haïti, le Ministère de la santé publique et de la population estime que le virus a causé moins de dégâts que possible, l'inquiétude exprimée par la cellule scientifique trouve son sens quant à la souche du virus qui circule dans le pays et le risque d'introduction d'une souche plus virulente. "Il faut un renforcement rigoureux de la quarantaine et du système d'isolement au moment de recevoir les ressortissants haïtiens venant de l'étranger. On a la suspicion que la souche du virus qui circule en Haïti n'est peut être pas aussi virulente que celle qui circule dans certains pays, c'est pourquoi la cellule avait fait valoir la nécessité de renforcer le système de contrôle afin d'éviter l'introduction d'une nouvelle souche plus virulente du Virus en Haïti", indique un membre de la cellule scientifique de la gestion de la crise de la Covid-19. "Loin de se positionner contre la réouverture du pays, la cellule se contente d'alerter et de faire savoir aux autorités quand il faut renforcer les mesures", souligne un membre de la cellule. Dans ces considérations, la cellule scientifique souligne que depuis le mois de mai les États de New York et de Floride où résident la majorité des ressortissants d'origine haïtienne sont des zones de forte transmission. Le fait de transporter des personnes potentiellement infectées au SARS-COV-2 dans un aéronef représente un risque élevé de contamination pour tous les passagers, y compris l'équipage». Plus que tout, au moment des déportations des Haïtiens en provenance des États-Unis d'Amérique, la cellule avait mis l'emphase sur la nécessité de disposer de ressources humaines et de matériel pour organiser la quarantaine et tester ces personnes puisque le test ne se fait pas de façon systématique aux États-Unis. Les inquiétudes relatives à la déportation sont encore valables pour ceux qui vont revenir de l'étranger dans l'éventualité d'une réouverture.  Toujours dans le judicieux but de prévenir l'introduction d'une nouvelle souche plus virulente du virus en Haïti, la cellule avait recommandé, entre autres, de différer les déportations des ressortissants haïtiens et dans les autres éventualités que «toute personne dépistée positive qui revient de l'étranger soit placée en isolément et reçoive un traitement jusqu'à la négativation virologique». En effet, dans une correspondance adressée au ministre des Affaires étrangères le 4 juin 2020, le Premier ministre Joseph Jouthe présente de nouvelles conditions fixées pour toute requête de rapatriement en faveur des ressortissants haïtiens.  Ceux qui souhaitent rentrer au pays doivent soumettre «un certificat de test négatif à la Covid-19, une réservation de voyage confirmée, une preuve d'adresse domiciliaire et un engagement écrit de bonne foi d'auto-quarantaine à son domicile durant 14 jours. Les concernés peuvent être visités à tout moment par les services sanitaires», exige la Primature, qui souligne que les passeports des intéressés seront gardés par les services de l'immigration durant le temps de la quarantaine, soit 15 jours.  Ces nouvelles recommandations répondent aux inquiétudes de la cellule scientifique qui promet «de mettre en place de nouvelles stratégies afin de réduire l'impact que ces ressortissants pourraient avoir sur le contrôle de la pandémie en Haïti». S'il est indéniable que l'État doit tout mettre en oeuvre pour rapatrier les ressortissants haïtiens, il n'en demeure pas moins vrai que ce dernier doit trouver la bonne formule pour ne pas pénaliser ces ressortissants tout en protégeant la population de ce que la cellule scientifique considère comme «un risque d'introduction de nouvelles souches du virus sur le territoire national». Cela doit passer d'une quarantaine minutieuse à un système de notification bien ficelé afin de prendre les bonnes décisions à temps.