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Le Nouvelliste

Le Covid-19, la gestion des cadavres et les recommandations de l'OMS

April 24, 2020, midnight

Dans le premier document sur les orientations provisoires relatives au Covid-19 élaboré par l'OMS, mis à jour le 24 mars 2020, des directives claires ont été données quant à la conduite à tenir en matière de lutte anti-infectieuse pour la prise en charge sécurisée du corps d’une personne décédée dans le contexte du Covid-19. Ces orientations dites provisoires, compte tenu de la possibilité d'évolution des connaissances en la matière, sont destinées à toutes les personnes, notamment les directeurs des établissements de soins et des morgues, les autorités religieuses, les autorités de santé publique, et les familles, qui doivent s’occuper des corps des personnes décédées d’une infection par le virus du Covid-19 présumée ou confirmée. Sur la base des données scientifiques actuelles, dans ces considérations principales, l'OMS précise d'emblée que "sauf dans le cas des fièvres hémorragiques (comme celles dues au virus ébola ou au virus de Marburg) et du choléra, les cadavres ne sont généralement pas contagieux. Chez les patients décédés de grippe pandémique, seuls les poumons peuvent être contagieux s’ils ne sont pas manipulés correctement au cours d’une autopsie. Sinon, les cadavres ne transmettent pas la maladie. On croit souvent que les personnes qui sont décédées d’une maladie transmissible devraient être incinérées, mais ce n’est pas vrai. La crémation est une question de choix culturel, qui dépend aussi des ressources disponibles.» En plus des considérations générales,  la plus grande organisation internationale de santé souligne que jusqu'au 24 mars 2020 « à ce jour, aucun élément de preuve n’indique que des personnes ont été infectées après avoir été exposées aux corps de personnes décédées du Covid-19.» En revanche, l'OMS invite tous ceux qui sont appelés à manipuler les corps à la prudence. « La sécurité et le bien-être de tous ceux qui manipulent les corps devraient être une priorité absolue. Avant de s’occuper d’un corps, il convient de s’assurer que les fournitures nécessaires pour l’hygiène des mains ainsi que des équipements de protection individuelle (EPI) sont disponibles», soutient cette organisation.  Consciente des litiges qui peuvent survenir entre la famille et les autorités dans la gestion des cadavres, l'OMS invite les autorités à « gérer chaque situation au cas par cas, en trouvant un équilibre entre les droits de la famille, la nécessité de rechercher la cause du décès et les risques d’exposition à l’infection.» Afin d'éviter toute confusion, l'OMS fournit des indications claires pour le transfert d'un corps d'une salle de soins vers un service d'autopsie, une morgue, un crématorium ou un site funéraire.  • Veiller à ce que les personnels qui interagissent avec le corps (personnel soignant ou mortuaire, ou équipe funéraire) appliquent les mesures de précaution standard, notamment l’hygiène des mains avant et après avoir interagi avec le corps, et l’environnement et portent un EPI approprié en fonction du niveau d’interaction avec le corps, incluant une blouse et des gants. S’il y a un risque d’éclaboussure de liquides ou de sécrétions biologiques, le personnel doit se protéger le visage, en portant notamment un écran facial ou des lunettes de protection et un masque médical.  • Préparer le corps pour son transfert, en enlevant notamment toutes les lignes de perfusion, les cathéters et autres sondes ; • S’assurer que tout liquide biologique s’échappant des orifices soit contenu ; • Limiter autant que possible le déplacement et la manipulation du corps ; • Envelopper le corps dans une housse et le transporter le plus rapidement possible jusqu’à la chambre mortuaire. - Il est inutile de désinfecter le corps avant de le transférer dans la chambre mortuaire (...). À l'attention des pompes funèbres  « Les agents de santé ou le personnel mortuaire chargés de préparer le corps (par exemple lavage du corps, coiffage des cheveux, coupe des ongles, ou rasage) doivent porter un EPI approprié conformément aux précautions standard (gants, blouse jetable imperméable [ou blouse jetable avec tablier imperméable], masque médical, protection oculaire) », recommande l'OMS. Cependant, si la famille souhaite uniquement voir le corps et ne pas le toucher, elle peut le faire, en respectant les précautions standard en permanence, notamment l’hygiène des mains, avance l'Organisation mondiale de la santé. Il faut donner à la famille la consigne claire de ne pas toucher ou embrasser le corps. En plus, il est à souligner que « l'embaumement n’est pas recommandé, afin d’éviter de trop manipuler le corps. Les adultes âgés de plus de 60 ans et les personnes immunodéprimées ne devraient pas avoir d’interactions directes avec le corps.» Nettoyage et contrôle de l’environnement « Les coronavirus humains peuvent rester infectieux sur les surfaces pendant 9 jours au maximum. On a découvert, a fait remarquer les spécialistes de l'OMS, que le virus du Covid-19 était encore détectable après 72 heures en conditions expérimentales. Par conséquent, le nettoyage de l’environnement est primordial », rappelle l'Organisation mondiale de la santé. Entre autres mesures à respecter, il est impératif que la morgue reste tout le temps propre et bien ventilée et l’éclairage doit être suffisant. Les surfaces et les instruments doivent être faits de matériaux qui peuvent être facilement désinfectés et entretenus entre chaque autopsie. Les instruments utilisés durant l’autopsie doivent être nettoyés et désinfectés immédiatement après l’autopsie, dans le cadre des procédures de routine. Les surfaces environnementales, là où le corps a été préparé, doivent d’abord être nettoyées avec du savon et de l’eau, ou avec une solution détergente du commerce. Enterrement  Tout en soulignant que tout doit être fait en fonction des ressources disponibles et en prenant en compte les pratiques culturelles d'un pays, l'OMS admet que « les personnes qui sont décédées du Covid-19 peuvent être inhumées ou incinérées sans contre-indication absolue. Pour cela, il faut « vérifier les exigences nationales et locales qui peuvent imposer un traitement particulier ou la destruction de la dépouille. La famille et les amis peuvent venir voir le corps après qu’il a été préparé pour l’enterrement, conformément aux coutumes. Ils ne doivent ni toucher ni embrasser le corps et doivent se laver soigneusement les mains avec de l’eau et du savon après s’être recueillis devant le corps.» Toujours en ce qui concerne l'enterrement, même si les enterrements doivent avoir lieu sans tarder, conformément aux pratiques locales, les cérémonies funéraires qui ne font pas appel à l’enterrement devraient être reportées, autant que possible, jusqu’à la fin de l’épidémie. Si une cérémonie est organisée, le nombre de participants doit être restreint. Les participants devront se tenir physiquement éloignés les uns des autres en permanence, et observer également les règles d’hygiène respiratoire et d’hygiène des mains. « Les personnes chargées de déposer le corps dans la tombe, sur le bûcher funéraire, etc. doivent porter des gants et se laver les mains avec de l’eau et du savon après avoir retiré leurs gants quand les obsèques sont terminées.» En ce qui a trait aux affaires personnelles de la personne décédée, ils n’ont pas besoin d’être brûlées, ni détruites d’une autre manière. En revanche, elles doivent être manipulées avec des gants et nettoyées avec un détergent, avant d’être désinfectées avec une solution d’éthanol à au moins 70 % ou une solution d’eau de Javel à 0,1 % (1000 ppm). Aussi, les vêtements et les autres articles textiles appartenant au défunt devront être lavés en machine avec de l’eau chaude à 60-90 °C (140-194 °F) et du détergent à lessive. Si le lavage en machine n’est pas possible, les draps pourront être mis à tremper dans de l’eau chaude et du savon dans un grand récipient en utilisant un bâton pour remuer et en faisant attention à ne pas provoquer d’éclaboussures. Le récipient devra ensuite être vidé, et les draps mis à tremper dans une solution chlorée diluée à 0,05 % pendant environ 30 minutes. Enfin, le linge sera rincé à l’eau propre, et les draps laissés sécher complètement au soleil.