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Le Nouvelliste

L’école otage de la politique

Oct. 25, 2019, midnight

Nous n’avions eu aucun doute, lorsque nous prédisions que l’année scolaire 2019-2020, comme la précédente, serait encore bâclée, en raison de troubles politiques que, de très loin, nous sentions venir. Toutefois, nous ne pouvions imaginer que les élèves allaient passer près de deux mois sans savoir quand ils pourront, enfin, fréquenter les salles de classe.C’était irréaliste, irresponsable, de la part des tenants du régime, encore, au pouvoir, de fixer la rentrée des classes, sans penser résoudre, à l’époque, la question des gangs armés qui, en fait, masquait l’épineux problème de gouvernance du pays, la faillite totale du pouvoir PHTK / Jovenel Moise. À présent, il n’est plus question, à ce stade de pourrissement de la situation sociopolitique, de se poser la question à savoir si le président de la République va finalement démissionner, mais, il reste à trouver des solutions pour sauver ce qui peut l’être, définitivement, au bénéfice de toute la Nation, des élèves, des générations montantes et des parents.Le Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP) ne peut faire l’économie de ses préoccupations et réflexions sur l’avenir des jeunes haïtiennes et haïtiens, quand il reste convaincu que : «ouvrir une école, c’est fermer une prison». Quand les statistiques nationales accusent un fort taux d’enfants non scolarisés, n’englobant pas le nombre, sans cesse croissant, de jeunes en déperdition scolaire. Une situation aggravée par la baisse considérable du niveau du système éducatif national par rapport aux autres pays de la région, par l’incapacité de nos écoles d’atteindre le nombre d’heures moyen d’apprentissage par année scolaire…En clair, le RDNP - qui entend faire la politique autrement - se questionne sur l’économie de cette politique qui prend toujours l’École en otage, comme si les enfants doivent, inévitablement, servir de boucliers humains, de monnaie d’échange, dans les luttes politiques en Haïti.Les manifestants de tous les secteurs et les partis de l’opposition qui, ces derniers temps, bloquent complètement la vie nationale, réclamant le départ du président de la République, peuvent s’estimer être dans leur bon et plein droit, et arguer qu’il n’est pas dans leur mission d’assurer le bon fonctionnement des institutions du pays. Une tâche républicaine qui incombe, spécifiquement et constitutionnellement, au président Jovenel Moise et à son administration. Le départ du président est, dans ces conditions, plus que souhaité, étant prouvé qu’il ne peut, même plus, exercer une quelconque autorité pour favoriser la réouverture des classes, pour permettre aux malades de recevoir les soins dans des hôpitaux, pour assurer la protection et le fonctionnement des entreprises privées et publiques, enfin, pour s’assurer de la survie des habitants du pays, particulièrement, ceux se retrouvant sur les îles adjacentes. Quel que soit le temps mis pour obtenir ce départ et pour la réouverture régulière et normale des classes pour cet exercice 2019-2020, le RDNP concentre ses réflexions sur cette possibilité d’un éventuel consensus entre les membres de la classe politique pour que l’École soit une urgence nationale et qu’elle bénéficie, ainsi, d’un traitement de faveur dans les stratégies de luttes politiques, alternées, des hommes au pouvoir et dans l’opposition. Pour l’heure, nos réflexions se portent déjà sur les conditions spéciales à aménager pour la récupération des heures d’apprentissage perdues par les élèves et étudiants du pays. Étant donné que, logiquement, nous ne pouvons arrêter le temps pour changer le système politique global du pays, incluant le système scolaire haïtien actuel, désuet, inadapté, exclusif, discriminatoire, à plusieurs vitesses. Le Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP) - accroché à sa doctrine, à sa ligne idéologique, à ses convictions politiques - promeut toujours un relèvement qualitatif du pays qui passe, nécessairement et obligatoirement, par l’accès massif, libre, égal, au savoir, au bénéfice de tous les citoyennes et citoyens des générations montantes. Qui doit passer par une éducation de qualité, à travers l’application de politiques publiques orientées vers la scolarisation universelle et l’école de proximité. Nos vives inquiétudes dépassent les limites des faits et événements conjoncturels pour se situer dans la poursuite d’objectifs précis, dans la satisfaction de revendications profondes, pour une véritable refondation de la Nation, sur des bases égalitaires, fraternelles, démocratiques. C’est dans cette large et grande, perspective que le RDNP entend solliciter l’intelligence, la clairvoyance, de toutes les forces vives et saines du pays dans la préparation de cette transition, temps de démembrement et de remembrement, par excellence. Au lieu d’une autre transition ratée, cette fois, elle doit être une fois pour toutes, celle qui mettra un terme à cette instabilité politique chronique, à cette misère sociale virale, à cette économie moribonde. Celle de tous les espoirs possibles. Démocrates, nationaux, progressistes, citoyennes, citoyens de bonne volonté et de bon commerce :Met men pran desten nou anmen. Ensemble, ensemble, ensemble jusqu’à la victoire finale.