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Le Nouvelliste

Les autorités, n'investissant pas dans l'avenir, espèrent que le malheur n'arrivera pas durant leur mandat

Feb. 5, 2020, midnight

Devant une assistance sélecte et  curieuse, le géologue a, une fois de plus, présenté les menaces éventuelles du séisme dans les différents endroits du territoire.  Jusqu'ici, les scientifiques qui réalisent et présentent les études semblent les seuls à s'en préoccuper réellement. En témoigne le comportement des  autorités qui se sont succédé durant cette décennie. Mais la raison est simple, d'après le géologue.  « Le scientifique travaille sur le sujet. Il le comprend, mesure les défis et voit les enjeux dans le temps. Voilà pourquoi il s'inquiète pour le pays, car il prévoit les conséquences. Alors que l'autorité politique  ne comprend pas ce que vous lui dites...», explique le  géologue Claude Prépetit, qui a sensibilisé à l'importance de l'éducation et la vulgarisation des risques sismiques, au cours de l'activité. Des études sont réalisées. Mais les autorités politiques, qui ne semblent pas mesurer les probables conséquences des prévisions scientifiques, se confinent derrière la durée de leur mandat.  «Nos politiciens ne voient pas à long terme. Ils ne voient pas plus loin que leur mandat. C'est grave. Gérer, c'est prévoir...», soutient celui qui dirige actuellement le Bureau des mines et de l'énergie (BNE).   Pour le géologue, les gens qui dirigent le pays devraient avoir un plan 2050, adapté selon les prévisions sur la croissance démographique. Dix ans après, les choses n'ont pas changé parce qu'ils  gèrent le très court terme, en dépit des prévisions scientifiques, regrette M. Prepetit.  Ce n'est pas aux scientifiques de prendre les décisions. C'est aux autorités, aux élus qui il revient la tâche d'adopter des mesures. Mais eux, ils gérent leur mandat et ne prennent pas des décisions qui fâchent les gens, observe le géologue, soulignant que malheureusement les problèmes demeurent et s'accroissent à tel point que les politiciens ne savent pas par où commencer.  D’après le professeur, les responsables ne veulent pas se risquer à prendre des décisions. Ils ne dépensent pas de l'argent pour les risques sismiques en Haïti. Ces derniers s'occupent de la gestion du quotidien, avec des solutions ponctuelles et n'engagent rien sur le long terme. Le politicien dit qu'il ne sera pas là dans vingt ans. Et ses enfants? Ses petits enfants? Qui est-ce qui va payer les conséquences ?, s'interroge-t-il.  Le problème réside dans le fait, d'un côté, qu' il y a des scientifiques qui font un travail très pointu et technique, et de l'autre, l'absence d'un pont qui traduit les données pour les acteurs politiques, dans un langage accessible. C'est ce travail que fait l’Urgéo, dans la question de la vulgarisation, félicite au passage le géologue, qui croit que même si cela peut prendre du temps, il faut commencer quelque part à adopter des mesures. « S'il n'y a pas de mesures, si la population et les autorités n'appliquent pas les mesures, s'il n'y a pas une appropriation des risques par les décideurs et la population, la prévention ne va pas servir...», tient-il à souligner.