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Le Nouvelliste

Le Sénat et son président Carl Murat Cantave coulent-ils à pic...?

Sept. 25, 2019, midnight

Le président de la République, Jovenel Moïse, lors de son adresse à la nation, mercredi vers 2 h du matin, a dressé un constat d’incapacité du Sénat et, sans le dire, de son président Carl Murat Cantave à tenir séance afin de sanctionner par un vote favorable ou défavorable la déclaration de politique générale du Premier ministre nommé Fritz William Michel.                        « Après de multiples tentatives, nous avons constaté que le Sénat n’est pas en mesure de remplir ses obligations constitutionnelles afin de doter le pays d’un gouvernement légitime ou de refuser suivant les formes admises par les lois de la république et les principes démocratiques la déclaration de politique générale de deux gouvernements successifs. Après sept mois et six séances avortées, j’en prends acte », a dit le président Jovenel Moïse.        Le président Jovenel Moïse qui n’a pas eu la main heureuse avec Fritz William Michel a suivi comme tout le monde à la radio les différentes allégations indiquant que des sénateurs ont reçu de l’argent pour voter la déclaration de politique générale et celles concernant les firmes de M. Michel qui, chef de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, vendaient des biens à l’Etat.                    Le président du Sénat, Carl Murat Cantave, a jeté la responsabilité de l’échec des deux tentatives de séances de ratification de la politique générale de Fritz William Michel sur la violence des sénateurs de l’opposition qui ont facilité l’entrée de militants perturbateurs au Sénat et sur la passivité de la Police nationale d’Haïti (PNH).  Entre-temps, sans spécifier s’il allait demander ou non à Fritz William Michel de remettre sa démission, le président Jovenel Moïse a tendu la main à toutes les forces de la nation en vue de former un gouvernement d’union nationale.  Les déclarations du président Jovenel Moise, les accusations de violence et de corruption qui accablent beaucoup de sénateurs ne sont que les dernières gouttes d’eau qui contribuent à couler le bateau du président Cantave. Il faut se rappeler que le sénateur de l’Artibonite a été élu à la présidence du Sénat de la République, en janvier 2019, comme allié du PHTK. Son ascension à la présidence du Grand Corps, contre l’assentiment du Palais national qui souhaitait voir le sénateur Pierre François Sildor du Sud à son poste, est le fruit d’une entente surprenante entre des sénateurs proches du pouvoir et les sénateurs du « groupe des quatre » composé d’indécrottables opposants du président Jovenel Moïse. Les gens au parfum de ce coup politique savent que le cousin de Carl Murat Cantave, Youri Latortue, ex-allié Tèt kale devenu un opposant porteur de dossiers dommageables au pouvoir en place, a convaincu les Antonio Chéramy, Evalière Beauplan, Nenèl Cassy et  Ricard Pierre d’appuyer l’élection de Carl Murat Cantave. Le premier test du président Cantave, remplaçant de Joseph Lambert – qui a eu une présidence en demi-teinte – , est arrivé en mars 2019 avec la séance d’interpellation du Premier ministre Jean Henry Céant dont la tête était réclamée par le Palais national, peu importe le prix sur la stabilité politique, sur la gouvernance et sur les engagements avec des bailleurs de fonds internationaux. Réfugié au Sénat dans l’espoir d’échapper à la guillotine de la majorité pro-Jovenel Moïse de la Chambre des députés, Jean Henry Céant n’a pas trouvé l’appui escompté ni de Youri Latortue, stratège défait sur ce coup-là, ni de Carl Murat Cantave qui a fait durer un suspens saupoudré de ridicule en maintenant la séance d’interpellation de Céant, déjà censuré par la Chambre des députés. Le président du Sénat, Carl Murat Cantave, après l’épisode Céant, a jonglé avec trois échecs et une rixe entre sénateurs au cours des tentatives de tenir séance pour statuer sur la déclaration de politique générale du Premier ministre Jean Michel Lapin. Lapin finira finalement par démissionner sans perdre une once de son pouvoir. Le sénateur Carl Murat Cantave, l’homme des terres salées de l’Artibonite qui reconnaît avoir le sang chaud, blâmé le 10 octobre 2016 par le président du Sénat de l’époque pour agression physique sur son collègue Steven Y. Benoît, a essuyé deux autres échecs à tenir séance pour faire ratifier ou non la déclaration de politique générale du Premier ministre Fritz William Michel. Le président du Sénat, Carl Murat Cantave, brouillé avec le groupe des quatre, a assisté impuissant à la déroute, avec des procédés violents et anti-démocratiques, de deux tentatives de séances de déclaration de politique générale. L’opposition avec ses moyens peu orthodoxes avait cependant prévenu le président Carl Murat Cantave qu’ils résisteraient face à sa volonté de passer en force. Des sénateurs de l’opposition ont mis en avant l’obstination du président Cantave et du bureau à écarter la minorité dans la commission chargée d’analyser les pièces des ministres du cabinet de Fritz William Michel. Le président Carl Murat Cantave, après avoir affirmé sans complexe avoir recommandé une jeune femme de 31 ans (son amie) pour le poste de ministre de la Santé publique, a-t-il été trop pressé de faire de Fritz William Michel le nouveau premier ministre ? Lui a-t-il manqué l’intelligence politique d’un Joseph Lambert qui a tenu conclave entre les sénateurs pour vider les contentieux nés d’une séance tenue dans le dos de la minorité pour acheminer le rapport de la commission Beauplan sur la gestion des fonds Petrocaribe à la Cour des comptes. Impulsif et fier, Cantave a-t-il surestimé ses forces et ses capacités de manoeuvre. Lundi, après une semaine de « lock » à cause de la pénurie d’essence, le président Cantave a tenté d’organiser une deuxième séance de ratification émaillée de violence. Du Parlement a été allumée la torche d’une nouvelle convulsion politique à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays. L’échec de Carl Murat Cantave à organiser cette séance pour donner des arguments, une embellie à un président Jovenel Moïse dont la gouvernance est plus que chaotique avant le voyage annulé à l’ONU n’a inspiré aucune espèce de sympathie du président Moïse qui n’a toujours pas de gouvernement, plus de six mois après commandé la mise à pied du notaire Céant. En janvier 2020, Carl Murat Cantave, médecin,  bouclera son mandat d’une année à la tête du Sénat. La présidence de Cantave paraît être comme des chaussures trop grandes pour ses pieds… Cantave coule et comme dirait Maurice Sixto, homme originaire des Gonaïves comme lui, ses Koralen ne vont pas le sauver du naufrage et le Sénat avec lui. Roberson Alphonse