Le Nouvelliste
Coronavirus : des migrants haïtiens arrivent par centaines à la frontière
April 7, 2020, midnight
Du 1er au 5 avril, à Belladère, le GARR a relevé 1 121 retournés spontanés de la République dominicaine. De son côté, du 1er au 4 avril 2020, le GARR a fait le décompte de 151 retournés spontanés. Il s’agit en effet de travailleurs agricoles, d’ouvriers de la construction et de commerçants qui arrivent en grand nombre chaque jour à la frontière. Ces derniers étaient contraints de rester chez eux à cause des mesures de confinement prises par les autorités dominicaines pour freiner la propagation de la maladie. « Ces personnes qui vivent majoritairement du secteur informel font face à d’énormes difficultés pour nourrir leurs familles pendant plusieurs jours entre les quatre murs. C’est pourquoi les gens quittent la République dominicaine par dizaines et/ou par centaines dans les points officiels et non officiels », a déclaré Geralda Sainville, responsable de communication et plaidoyer au GARR. L’expansion sur le territoire voisin du Covid-19 (86 morts et 1 828 cas le lundi 6 avril 2020) n’est pas la seule cause qui pousse les migrants haïtiens à quitter en masse ce pays. Ces derniers sont touchés par l’application des mesures économiques annoncées par le gouvernement dominicain aidant les gens les plus défavorisés de la population. Les migrants haïtiens sont en situation irrégulière en territoire voisin et ne remplissent pas les modalités exigées par les autorités concernées. « C’est pourquoi, précise le GARR, beaucoup préfèrent retourner temporairement dans leur pays ». Les habitants des communautés frontalières, précise le GARR, n’ont pas hésité à exprimer leurs inquiétudes face à ces vagues de retour en provenance du territoire dominicain, surtout par rapport aux manquements sanitaires et le manque de vigilance du gouvernement haïtien pour éviter la propagation de la maladie sur le territoire. « Nous avons observé que des efforts ont été consentis par les autorités haïtiennes pour prendre la température des gens qui arrivent à la frontière, surtout dans des points officiels. Un centre a été aménagé à Ouanaminthe pour mettre en quarantaine les personnes qui présentent les symptômes du virus. Toutefois, le défi est toujours de taille dans les points non officiels où même un poste de lavage de mains et de prise de température n’est toujours pas effectif », a ajouté Geralda Sainville. Le trafic continue à la frontière au grand dam des autorités En dépit de la fermeture de la frontière entre les deux pays, les gens s’empressent, font la queue devant les portails sans parfois tenir compte des consignes visant à empêcher la contamination et la propagation du virus, souligne la note du GARR. À Ouanaminthe, l’organisation de défense des droits des migrants a observé que certains d’entre eux passent par la rivière Massacre pour échapper au contrôle des agents dominicains et haïtiens au niveau du point frontalier officiel Ouanaminthe/Dajabón. Ils y vont presque tous les jours pour s'approvisionner.