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Le Nouvelliste

Insécurité : « La police est organisée pour faire son travail… mais elle n’est pas protégée », estime Himmler Rébu

Feb. 12, 2020, midnight

Jusqu’ici, les forces de l’ordre ne semblent pas trouver la  meilleure formule pour freiner la machine infernale de l’insécurité qui ne fait que gagner du terrain, particulièrement dans la région métropolitaine. En dépit des mesures annoncées, des individus armés continuent de faire compter les victimes. Pourtant, l’institution policière est suffisamment organisée pour faire son travail, a avancé Himmler Rébu, ancien secrétaire d’État à la Sécurité publique, invité mardi soir sur le plateau de l’émission « Haiti, sa k ap kwit » sur la Télé 20. L’ancien colonel des Forces Armées d’Haïti estime que la question des bandits armés est née à partir de la « déstructuration de l’État ». Himmler Rébu, qui a retracé l’histoire de la prolifération des gangs dans le pays, impute la responsabilité à des acteurs politiques qui, après le démantèlement de l’armée, ont commencé à distribuer des armes dans des quartiers populaires avec l’objectif, dit-il, de réaliser une « révolution » tout en ayant leurs bras armés. La connivence des politiciens avec les chefs de gangs allait devenir le moyen d’accéder aux quartiers populaires. Ce qui allait aussi accélérer l’avidité développée pour l’argent de la part des bandits, gagnant en autorité dans leurs quartiers, qu’il présente comme des « victimes d’un système ».   L’ancien secrétaire d’Etat à la Sécurité publique croit que la police est aussi une victime, à l’instar du bandit. Pour bien faire son travail, cette police, bras armé de la justice, doit être protégée par un ensemble de structures, croit l’ancien colonel, évoquant néanmoins la défaillance de cette justice. Toutefois Himmler Rébu soutient que la Police nationale d’Haïti (PNH), contrairement à ce qu’on pourrait croire, est capable d’accomplir son rôle. « La police, telle qu'elle est aujourd'hui, est professionnellement organisée pour faire son travail sur toute l'étendue du territoire national », affirme-t-il.   Pour l’ancien militaire, la question d'effectif au niveau du corps policier est un « vrai-faux » problème. « La police a-t-elle à sa disposition tout son effectif? La réponse, c’est non », avance Himmler Rébu, soulignant le cas des agents de la police qui se retrouvent à l’étranger, mais qui continuent de percevoir leur salaire. D'autres se sont mis à la sécurité privée de la plupart des officiels de l'État. L’institution policière est confrontée à d’autres difficultés, poursuit Himmler Rébu. D’un côté, le problème du cadre juridique, comme pour dire que « la justice ne protège pas suffisamment la police ». De l’autre, l’intrusion de la politique dans la gestion policière. Assez souvent, des acteurs hauts placés se dressent en face de la police, avance l’ancien colonel, ajoutant que la structure policière ne dispose pas, au niveau actuel, suffisamment d’équipements pour faire son travail de manière correcte. Pour bien accomplir son travail, la police doit être protégée, estime Himmler Rébu, posant le problème de l’inefficacité du service de renseignements. « La police n’a pas suffisamment de moyens pour le renseignement primaire ». Pour freiner l’insécurité, l’ancien colonel propose aux autorités d’aborder la question dans ses racines « l’abandon social et une prostitution provenant des hautes autorités ». Pour lui, il faut arrêter la source d’alimentation de munitions. Il faut également que les opérations soient menées avec précision dans les quartiers déjà en proie à un éclatement de l’organisation spatiale. Les responsables doivent se munir d’un plan de sécurité sur les routes où l’État doit être présent.