Le Nouvelliste
Jouthe rêve de budget et de croissance économique
April 16, 2020, midnight
Le Premier ministre Joseph Jouthe a annoncé, qu’au 29 février 2020, à six mois de la fin de l’exercice 2019-2020, le financement monétaire a atteint les 21,1 milliards de gourdes. La récession économique s’aggravera avec des prévisions de - 2,7 % de croissance. Il redoute aussi une explosion de l’inflation (+ 20 % en septembre 2020, dernières statistiques disponibles) au niveau de la demande intérieure sur fond de Covid-19. Le chef du gouvernement, en ces temps d’adversité, a instruit le gouvernement de réduire les dépenses courantes et de renforcer les actions pour la santé, la sécurité, l’agriculture et l’économie locale. « Pour les 5 premiers mois de l’exercice budgétaire 2019-2020, le financement monétaire a atteint 21,1 milliards de gourdes au 29 février 2020, soit 11, 1 milliards au-dessus du plafond défini dans le protocole d’accord qui a été signé entre le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et la Banque de la République d’Haïti (BRH) en novembre 2019 », lit-on dans la lettre de cadrage du budget 2019-2020 que le Premier ministre Joseph Jouthe a adressée aux membres de son gouvernement en date du 25 mars 2020. Le Premier ministre a indiqué que l’État subventionne les produits pétroliers à hauteur de 2 milliards de gourdes chaque mois et a dû faire face « à de nouveaux engagements nécessitant des décaissements importants afin d’éviter certaines situations qui pourraient dégrader davantage le climat social et accroître l’insécurité, ce qui pourrait mettre à mal les efforts des organismes de perception pour redresser la collecte de ressources intérieures ». Par ailleurs, les collectes effectuées jusqu’au mois de février ont été de 33,7 milliards de gourdes, en-deçà des prévisions de 37,1 milliards de gourdes. Le premier ministre Joseph Jouthe, dans sa lettre de cadrage, a indiqué que dans l’ensemble, « l’année fiscale 2019-2020 sera marquée par un recul des activités économiques”. Les importations en glissement annuel sur le premier trimestre ont chuté de 43 % et les exportations de 10 %. La récession va s’aggraver. Le Premier ministre Joseph Jouthe, dans cette lettre de cadrage, a tablé sur un taux de croissance négative de - 2,7 % du PIB à cause, entre autres, des effets de « peyi lòk» et des préjudices inhérents à la pandémie de Covid-19. Pour assombrir un peu plus le tableau, Joseph Jouthe a écrit qu’au niveau de la demande intérieure, « l’inflation pourrait exploser sous l’effet de la pandémie qui engendrait de fortes perturbations des circuits d’approvisionnement et de distribution », redoutant également l’effet notamment de l’effondrement du secteur agricole et du secteur des services ; ainsi que de la baisse anticipée des investissements publics. Le Premier ministre Joseph Jouthe, en dépit des contraintes, a instruit le gouvernement de poser des actions pour « redonner espoir à la population qui attend des résultats concrets et rapides ». Joseph Jouthe, ancien ministre de l’Économie et des Finances, a appelé les ministères et les organismes relevant de son autorité à, pour les six mois de la fin de l’exercice, privilégier les actions stratégiques produisant des résultats palpables et tangibles. Il recommande le « renforcement des dépenses de sécurité intérieure et de renforcement de l’État de droit pour faciliter les mouvements de la population et des marchandises afin de favoriser la reprise effective des activités économiques et la mobilisation des recettes fiscales; le renforcement du système national de santé, à travers la surveillance épidémiologique, la réhabilitation des infrastructures existantes et le renforcement du plateau technique pour améliorer l’offre et la qualité des services de santé ainsi que leur accessibilité, et ainsi permettre au pays de mieux répondre à la pandémie de Covid-19; le renforcement des programmes sociaux structurants en vue de promouvoir la stabilité sociale; le soutien à l’activité économique et la préparation à la relance de la croissance en mettant un accent particulier sur la production agricole pour réduire nos factures d’importations alimentaires et un appui aux activités industrielles, notamment le secteur textile en vue d’accroître les exportations ainsi que la production de produits d’hygiène de base et d’eau potable; le rééquilibrage des comptes publics en comprimant les dépenses courantes de manière à contenir le financement monétaire à un niveau compatible aux engagements pris par le gouvernement, en tenant compte des contingences dues à la pandémie de Covid-19 ; l’implémentation de quelques projets prioritaires susceptibles d’avoir des résultats rapides et tangibles sur l’économie ent termes de création d’emplois et d’incidences sur la production nationale. Le Premier ministre Joseph Jouthe indique qu’il veillera au grain pour s’assurer que les dites recommandations soient respectées. Au 29 février 2020, quelques jours après le carnaval dont la tenue a provoqué violences et contestation à Port-au-Prince, le financement monétaire est de 21,1 milliards de gourdess avant les annonces en mars de dépenses de 6,7 milliards de gourdes dans le cadre du programme de distribution d’argent et de nourriture à 1,5 million de familles, peut-on observer. Au cours de l’exercice budgétaire 2017-2018, le déficit budgétaire avait dépassé les 20 milliards de gourdes. Ce record est déjà pulvérisé six mois avant la fin de l’exercice en cours et des turbulences relatives au Covid-19.