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Le Nouvelliste

Les signataires de l’accord de Marriott rejettent une nouvelle invitation au dialogue de Jovenel Moïse

Dec. 26, 2019, midnight

Les dernières déclarations du président de la République le 22 décembre dernier au Palais national lors du lancement du programme baptisé « dialogue communautaire » n’aident pas. Elles ont même donné des arguments à ses opposants pour rejeter son invitation au Palais national programmée pour ce vendredi.  Dans une deuxième invitation du Palais national envoyée cette semaine à Rosemond Pradel du regroupement politique Mache Kontre, signataire de l’accord de Marriott nous lisons : « Le cabinet du président de la République vous présente ses compliments et a l’avantage de vous informer que le président de la République, Son Excellence Jovenel Moïse, prend acte de la participation des membres de la Commission chargée de la mise en œuvre du Consensus de Marriott aux pourparlers initiés à la nonciature apostolique les 17 et 18 décembre 2019, avec l’accompagnement de l’Organisation des Nations unies et de l’Organisation des États américains. Aussi, le président de la République vous invite à une rencontre au Palais national le vendredi 27 décembre 2019 à 11 heures du matin. » Le chef de cabinet du président a pris le soin de souligner que « cette démarche s’inscrit dans une perspective de trouver une solution pacifique et responsable à la crise qui secoue le pays depuis plusieurs mois ». « Les entités politiques signataires du Consensus de Marriott ne participeront pas à la réunion fixée ce vendredi 27 décembre 2019 au Palais national avec le président Jovenel Moïse », a réagi Me André Michel à la suite d’une rencontre jeudi entre les signataires de l’accord de Marriott concernant cette nouvelle invitation au dialogue du chef de l’État. Ces derniers ont d’abord évoqué un vice de forme dans l’invitation soulignant que Rosemond Pradel à qui l’invitation du Palais national a été adressée « n’est pas celui qui représente la commission de mise en œuvre du consensus de Marriott dont l’adresse électronique a été communiquée au directeur de cabinet du président. Deuxièmement, nous  considérons que les dernières déclarations belliqueuses et menaçantes du président faisant croire qu’au moins 3 des 7 têtes entravant la bonne marche du pays seront coupées par le chef de l’État prouvent très clairement que le président Jovenel Moïse n’est pas dans une logique de dialogue mais plutôt de confrontation », selon les signataires de l’accord de Marriott. Le chef de l’État avait annoncé dimanche dernier avoir « sept têtes à couper ». « Je peux ne pas avoir du temps pour couper toutes les sept têtes, men m ap koupe 3 kanmenm…. Si je ne les coupe pas, elles vont se régénérer… Si vous voulez faire quelque chose pour le pays, il y a des gens que vous devez mettre de côté », avait lancé le président de la République. « Ceux qui ne veulent pas se mettre de côté, j’ai pris la décision de les forcer à le faire », menaçait-il, soulignant qu’il y aura des accidents si l'on se met en travers de sa route. Ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, Jovenel Moïse, sur un ton pour le moins autoritaire, leur demande d’attendre le 7 février 2022 (la fin de son mandat) pour lui poser des questions. Il faut souligner que Paul Denis, responsable de l’organisation politique INIFOS, a aussi une deuxième fois décliné l'invitation du président jeudi au Palais national. « C'est une erreur de comprendre, Monsieur le Président, que la crise peut être résolue avec un deal à l'arraché sur les postes à pourvoir à l'occasion de la formation d'un gouvernement. S'il faut se parler, et, comme il faut se parler, faisons-le sérieusement et de façon responsable », a-t-il répondu à l’invitation de la présidence. Selon Paul Denis dans la lettre responsive, « dans une telle éventualité, on peut arguer que le Palais national n'est nullement le lieu approprié pour de pareilles assises. Un tel choix donnerait à l'une des parties un avantage certain, au triple point de vue : psychologique, moral et politique. Monsieur le Président, je dirais pour résumer : la 25e heure arrive dangereusement. Le temps presse. Si l'on veut vraiment dialoguer, il faut le faire vite, sérieusement et pour de bon ; dans un lieu neutre ; avec un agenda de discussions convenu entre les parties ; en présence de témoins et /ou de facilitateurs, fiables, notoirement connus », a exigé l’ancien ministre de la Justice. De leur côté Éric Jean-Baptiste, secrétaire général du RDNP, et le sénateur Joseph Lambert de KONA ont accepté de rencontrer le président le jeudi 26 décembre au Palais national.