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Le Nouvelliste

Port-au-Prince dans l’effroi au lendemain du 7 février

Feb. 9, 2021, midnight

Contrairement à ce que beaucoup de gens redoutaient, la journée du 7 février n’a pas conduit aux grandes effusions dans le pays. Toutefois, elle a apporté une grande frayeur dans la population. La plupart des églises n’ont pas ouvert leurs portes dimanche à cause de la peur engendrée par les mobilisations annoncées. Par prudence, les gens sont restés cloitrés à la maison toute la journée. Jovenel Moïse n’a pas bougé d’un poil : il affirme rester au pouvoir jusqu’au 7 février 2022, dans un message préenregistré diffusé sur les réseaux sociaux, dimanche. Ce qui accroit l’inquiétude au point que ce lundi 8 février n’a pas été comme à l’accoutumée. La capitale s’est réveillée avec la peur au ventre. En début de journée, les gens ont été très peu à circuler sur la route de Carrefour, à Bizoton comme à Diquini ou encore à Mahotière et Côte-Plage, selon une collaboratrice qui a sillonné cette dernière zone. Ceux qu’on a rencontrés étaient accrochés à leurs téléphones pour écouter les nouvelles. Tout le monde s’empresse, comme s’il y avait une tempête annoncée. Même les petits marchands de l’informel se faisaient rares sur les trottoirs. Les banques, les magasins, les écoles n’ont pas ouvert leurs portes ce lundi à Carrefour. Certaines stations d’essence n'ont ouvert qu’en milieu de la journée. En début de journée, c’était quasiment des rues désertes. De rares véhicules des transports en commun et des motocyclettes ont été constatés. Les voitures privées ont circulé à vive allure comme si leurs propriétaires voulaient fuir quelque chose. Au centre-ville de Port-au-Prince, selon des collaborateurs du journal qui ont parcouru ses différentes artères, le tableau a été peint des mêmes couleurs. Tout a été pratiquement paralysé. Les gens avancent avec la peur sur le visage. Pareil au niveau de la route de l’aéroport. Le secteur des affaires a été aussi dysfonctionnel. Notons qu’une présence policière très significative a été observée ce lundi à travers la capitale. Mais celle-ci s'est révélée insuffisante pour rassurer les gens qui préfèrent rester sur leurs gardes. Apparemment cette inquiétude de la population qui redoute à tout moment un éclatement dans le pays est loin de disparaitre. La crise persiste, sans issue à l’horizon. Quand Jovenel Moïse fait la sourde oreille aux principaux secteurs du pays qui déclarent la fin de son mandat, l’opposition politique et la société civile nomment leur président provisoire. Une sorte de remake de la période 2001-2004 qui augmente les inquiétudes.