Le Nouvelliste
Une déclaration de politique générale en raccourci
Sept. 5, 2019, midnight
D’une façon particulière, le Premier nommé Fritz William Michel a présenté à la Chambre des députés un résumé de quelques minutes de sa déclaration de politique générale le mardi 3 septembre en cours. Aucun des 21 Premiers ministres qui se sont succédé, de février 1988 à septembre 2018, n’avait agi de la sorte devant les parlementaires dans le cadre de cette mission constitutionnelle qui consiste à faire l’énoncé de la politique générale du gouvernement en chambre séparée. Il est assez difficile pour les observateurs de déterminer la raison d’être de cette nouvelle disposition. Certains diront que le sabotage de la salle des séances de ladite chambre par les quatre députés de l’opposition, tôt le matin du 3 septembre, serait le motif de cette acrobatie du Premier ministre devant les députés. Ordinairement, la déclaration de politique d’un Premier ministre renferme sa vision de la gouvernance de l’Etat à travers la rationalisation du choix budgétaire suivant les priorités du chef de l’Etat. Quand un président a été élu sans aucun projet de société, la déclaration de politique générale de son Premier ministre ne peut contenir que des idées de projet par ministère et par secteur d’activité. Certains Premiers ministres, compte tenu de l’impréparation de la plupart des présidents qui ont été élus pendant ces trente dernières années, ne prennent pas le risque d’élaborer une politique générale trop théorique, ni trop méthodique, pour ne pas soulever la colère du président. C’est la raison pour laquelle des observateurs s’accordent à dire que les politiques générales des différents Premiers ministres se suivent et se ressemblent. Que ce soit au Sénat ou à la Chambre des députés, la politique générale d’un Premier ministre est un moment d’attention, d’analyse et de réflexion de différentes couches de la population. Les observateurs, les historiens, les travailleurs de presse, d’autres professionnels et le public en général se retrouvent devant leur petit écran pour suivre pendant plusieurs heures l’énoncé de politique générale suivi de questions des parlementaires et des réponses du Premier ministre. La séance du mardi 3 septembre 2019 n’a pas comblé les attentes des uns et des autres. A part quelques-unes, les différentes questions posées au Premier ministre ne recherchaient pas véritablement des réponses appropriées. La plupart des députés cherchaient à faire passer le temps avant de passer au vote. Lorsque le député de Léogâne demanda au président Gary Bodeau de mettre sa proposition, qui est celle de 65 députés, de passer au vote, car l’assemblée est édifiée, la majorité a approuvé la proposition. Au Sénat de la République, la population aura-t-elle droit à un véritable débat sur la politique générale du Premier ministre ? Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com