Le Nouvelliste
Un homme meurt pour rien à la prison civile de Jacmel
June 5, 2020, midnight
Maccène Jean, 37 ans, est décédé au dispensaire de la prison civile de Jacmel, mercredi 3 juin 2020 aux environs de 2 h p.m.. Le détenu souffrait de malnutrition et de stress, selon Jean Jeudy, secrétaire général de Sosyete Makaya (SOMA), une organisation de défense des droits humains du Sud’Est. SOMA accompagnait Maccène Jean dans ses démarches auprès des autorités judiciaires. Le détenu décédé vient d’Oriani, localité de Fond-Verrettes. Il a été appréhendé et emprisonné le 10 septembre 2015. Il avait été présenté au cabinet d’instruction à deux reprises, les 11 et 18 février 2016, soit cinq mois après son incarcération. Le cabinet d’instruction avait retenu deux chefs d’accusation contre lui : cambriolage et vol de nuit. Depuis ce 18 février 2016, la SOMA n’a pas pu poursuivre ses démarches pour le jugement de Jean Maccène, parce que selon Jean Jeudy, son dossier a été égaré au niveau du cabinet d’instruction. « Maccène Jean est une victime de la détention préventive prolongée connue à la prison de Jacmel. Il est mort à l’intérieur de la prison après avoir espéré pendant quatre ans qu’on retrouve son dossier au niveau du cabinet d’instruction et poursuivre avec l’instruction de son affaire. Un homme a donc passé quatre ans dans une prison sans être entendu par un juge à cause de l’égarement de son dossier par des responsables au niveau de la structure judiciaire en charge », commente Jean Jeudy. Ce dernier profite du dossier de Maccène Jean pour souligner que la SOMA connait 53 détenus victimes de la détention préventive prolongée à la prison civile de Jacmel actuellement. Ces détenus croupissent en prison avec, entre leurs mains, leur ordonnance de renvoi émis par le cabinet d’instruction. « C’est grave. Je peux vous citer quelques cas. Il y a Willy Edouardzin alias Sabotay. Chef d’accusation retenu contre lui : abus de confiance. Il est en prison depuis le 13 novembre 2013, avec son ordonnance de renvoi en main. Il attend toujours son jugement. Andréfort Balame, en prison depuis le 22 septembre 2014 ; chef d’accusation : complicité de vol de nuit... six ans après son arrestation », indique Jean Jeudy.