this used to be photo

Le Nouvelliste

Crise politique : En avant de Jerry Tardieu propose une «solution inclusive, réaliste, institutionnelle et ordonnée»

Feb. 5, 2021, midnight

Les prises de position et les appels se multiplient pour que le président Jovenel Moïse quitte le pouvoir le 7 février 2021. Ceux qui s’en tiennent à cette date estiment que celle-ci devra marquer la fin du mandat constitutionnel du chef de l'État. Dans le rayon des défenseurs de cette thèse figure le nouveau parti En Avant, dirigé par l’ancien député Jerry Tardieu. Cette structure s’arc-boute, elle aussi, à l’article 134.2.  En Avant a dressé un tableau sombre de la conjoncture alors que cette échéance s'approche. « À quelques jours de cette date fatidique et échéance constitutionnelle non équivoque, l’incertitude, l’angoisse et la peur prennent place dans la ville entre les appels à la grève, aux manifestations et à la désobéissance civile. Parallèlement, les positions des protagonistes de la crise se radicalisent, la crise s’envenime par une surenchère de déclarations belliqueuses de part et d’autre. L’impasse est totale et les risques de chaos sont réels à l’aube d’une année qui s’annonce difficile », constate Jerry Tardieu.  Plus loin, le numéro un de En Avant souligne que « c’est dans ce contexte explosif qu’une commission de cinq membres choisis exclusivement par le président Jovenel Moïse a présenté officiellement son avant-projet de nouvelle constitution ». Tardieu estime que sur la forme, le processus ayant abouti à ce texte n’a été ni participatif ni inclusif. « Au-delà des qualités ou défauts des personnalités qui composent le Comité consultatif indépendant (CCI), cette commission ne représente pas les forces vives du pays ni les secteurs représentatifs de la société », juge-t-il. En ce qui concerne l’avant-projet de la nouvelle constitution, l’ancien représentant de Pétion-Ville promet de s’exprimer en temps et lieu sur sa teneur. Entre-temps, il estime que certaines dispositions risquent de déstructurer l’État et affaiblir nos institutions républicaines. « L’ambition de la commission sur l’amendement constitutionnel que je présidais à la 50e législature proposait de rééquilibrer les pouvoirs mais pas de réduire leur importance, de les vassaliser ou même les faire disparaitre totalement (sénat) », fait-il remarquer.  Pour le coordonnateur de En Avant, il faut une solution à la crise politique avant de penser à une quelconque réforme constitutionnelle. « La question constitutionnelle ne trouvera un épilogue heureux que lorsque nous aurons résolu la crise politique. Pour cela, la concertation inclusive entre les entités politiques doit continuer tambour battant, assistée de la société civile, pour trouver un accord historique entre les forces vives de la nation. Cet accord doit inévitablement tenir compte de la constitution qui stipule que, le 7 février 2021, le mandat du président Jovenel Moïse se termine. Le 8 février 2021, nous rentrerons donc dans la première année du prochain cycle présidentiel de cinq ans, sans qu’un nouveau président n'ait prêté serment. Dans l’esprit des dispositions de la constitution traitant de la gestion du pouvoir exécutif en cas de vacance présidentielle, le Conseil des ministres, sous la présidence du Premier ministre, exerce un rôle de premier plan », ajoute-t-il.  En conséquence, poursuit-il, les discussions politiques devraient donc au plus vite porter sur le choix d’un nouveau Premier ministre de compromis inspirant confiance et bénéficiant de la légitimité politique suffisante pour conduire les affaires de l’État jusqu’à l’élection du prochain président de la République. « Ce choix ne peut sortir que d’un accord politique mûrement réfléchi et liant une palette représentative et inclusive de partis et mouvements politiques de toutes tendances. À ce propos, le mouvement En avant prend acte que des grands regroupements de partis de l’opposition ont signé un accord politique pour une transition de rupture. Tout en reconnaissant le mérite de cette entente (fruit d’un effort de convergence d’idées), celle-ci doit encore rallier un consensus plus large pour contribuer à la formulation définitive d’une sortie de crise inclusive, réaliste, durable, institutionnelle, républicaine et ordonnée », croit-il. Jerry Tardieu impute aux « dérives du pouvoir en place » la responsabilité de « cette crise multiforme » que connaît le pays. Pour soutenir sa thèse, il évoque  notamment « la publication en cascade de décrets décriés portant atteinte aux libertés fondamentales et aux conventions internationales, à la répression des manifestations pacifiques de citoyens paisibles, au support à peine voilé du pouvoir en place aux gangs armés qui pillent, tuent et terrorisent la population ».  Il conclut en indiquant que « toute persistance des autorités en place à alimenter ce climat de tension ne fera que compromettre la tenue d’un dialogue inter-haïtien auquel le mouvement En avant est prêt à participer si toutes les conditions sont réunies ». « Nous tenons à rappeler au président de la République que la population haïtienne a fait choix de la démocratie comme mode de gouvernance et qu’il a été élu sous l’égide d’une constitution qu’il se doit de respecter », exhorte-t-il.