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Le Nouvelliste

Ochan pour Jean Ledan – Le marathonien

Dec. 13, 2019, midnight

Vingt-cinq longues années que l’historien Jean Ledan fils poursuit sans relâche sa quête passionnée dans le champ ô combien exigeant de la recherche historique, à travers la célèbre rubrique « A propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que…» dans Le Nouvelliste du week-end.             Jean Ledan fils a la passion de l’histoire, une authentique passion. Car de quel autre mot nommer cet enthousiasme, cette ferveur qui l’habite, dans son dialogue jamais fini avec notre mémoire historique de peuple ? Dialogue des plus féconds, si l’on en juge par le nombre de publications de qualité qui parsèment ce parcours remarquable. Car, pierre après pierre, chantier après chantier, livre après livre, l’historien Jean Ledan fils se trouve à la tête d’une impressionnante descendance, d’une importante production historique forte d’une vingtaine d’ouvrages, bien documentés, de bonne facture formelle, appréciés autant des spécialistes que des lecteurs simplement curieux de notre histoire, ou du public d’élèves de nos lycées et collèges, ou encore d’étudiants de nos universités, qui y ont un intérêt plus immédiat.             De cet ensemble se détachent, avec un relief saisissant, les dix emblématiques volumes de la fameuse série « A propos de l’histoire d’Haïti, saviez-vous que…,» démonstration solide de la capacité de notre historien à rester productif et intéressant sur le temps long. On ne peut qu’être admiratif devant le travail de l’heureux auteur qui accomplit, sans tambour ni trompette, un vrai travail de bénédictin, pour maintenir vivante notre mémoire de peuple. La moisson vaut la peine.             Je crois que Jean Ledan fils a une manière bien à lui d’approcher l’histoire. S’il fallait caractériser cette manière, c’est le terme « décontractée », sans doute, qui viendrait, de lui-même, s’offrir à ma plume. Décontraction qui néanmoins ne sacrifie rien des exigences de rigueur méthodologique et d’éthiques inhérentes aux travaux historiques. Cette manière de faire, me suis-je plus d’une fois demandé, traduirait-elle, de la part du chercheur, une certaine réticence à appréhender l’histoire à travers les catégories, peut-être factices (?), de « grande » et de « petite » histoire ? En effet, les profils des contenus que l’on range conventionnellement dans cette dernière catégorie y tiennent généralement une place de choix à travers chaque ouvrage de l’auteur, et les textes qui s’y rapportent, croyez-moi, ne sont pas les moins intéressants, ni les moins savoureux.             La verve narrative et haute en couleur de Jean Ledan fils, tantôt gouailleuse, tantôt satirique, toujours jubilatoire, s’en donne à cœur joie, et y trouve, à chaque fois, une occasion rêvée de déployer tout le pittoresque de sa personnalité joyeuse qui le porte parfois à refuser des termes trop convenus, au profit de l’effet de couleur et de saveur locales porté par une formulation créole plus neuve, et plus juteuse. Wipip ! Avec Jean Ledan, le vernaculaire n’est jamais bien loin…, qu’on se le dise.             On ne compte plus le nombre de grands auteurs haïtiens du XIXe siècle ou de la première moitié du XXe, sauvés de la grise poussière de l’oubli, ou encore, de documents de première importance historique que la curiosité insatiable du boulimique chercheur a, passez-moi le mot, « ressuscités », pour les remettre en circulation et à la disposition du lecteur d’aujourd’hui. Il me vient spontanément à l’esprit le fameux texte, qui était devenu rare, de la relation faite par Demesvar Delorme, dans les moindres détails, du tremblement de terre qui frappa la ville du Cap-Haïtien en 1842. Ou, dans un registre différent, des documents vénérables témoins d’une épopée qui s’écrivait alors, par les soins du président haïtien Alexandre Pétion et du général Simon Bolivar, alors lancé à la conquête de l’indépendance des pays de l’Amérique espagnole. Ou encore entre le même président Pétion et le général Ignace Despontreaux Marion, aux Cayes. Documents émouvants, empreints de la plus courtoise élégance et transpirant une rare noblesse de sentiments.             Ce n’est pas là le moindre titre de Jean Ledan fils à notre gratitude. Ochan à Jean Ledan, fidèle jardinier de Clio, vaillant gardien du Temple de la mémoire du Peuple haïtien ! André Vilaire Chéry Chercheur – écrivain Port-au-Prince, 24 août 2019 *** Jean Ledan fils signe « L’histoire d’Haïti – Anecdotes » le 7 décembre 2019, à Jazzy’z, 129, rue Louverture, Pétion-Ville, à côté de Signal FM, et le samedi 14 décembre chez l’Éditeur Bèljwèt, 24, rue Duncombe, Port-au-Prince (Bois Verna et Turgeau, à côté de l'hôpital Saint-Joseph).