Le Nouvelliste
Le gouvernement va se pencher sur les préoccupations du Core Group sur les décrets, annonce Claude Joseph
Dec. 17, 2020, midnight
Ce n’est pas à la fin de son mandat que le président va commencer une carrière de dictateur. C’est en ces termes que le ministre des Affaires étrangères Claude Joseph a réagi suite à la publication de la note du Core Group concernant le décret portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence nationale d’intelligence (ANI) et celui pour le Renforcement de la sécurité publique. Inquiets, les membres du Core Group avaient déclaré dans cette note que « ces deux décrets présidentiels, pris dans des domaines qui relèvent de la compétence d’un Parlement, ne semblent pas conformes à certains principes fondamentaux de la démocratie, de l’État de droit, et des droits civils et politiques des citoyens ». « Durant presque les quatre ans que le président va avoir au pouvoir, on ne peut pas lui reprocher d‘avoir une velléité dictatoriale. Ce n’est pas à la fin de son mandat qu’il va avoir cette velléité », a dit Claude Joseph jeudi sur radio Magik 9. Le chancelier haïtien dit comprendre les « préoccupations » du Core Group. « En tant que chancelier, moi personnellement, je vais m’entretenir avec eux. Nous allons adresser leurs préoccupations », promet le ministre des Affaires étrangères qui n’était pas en mesure de préciser la manière dont les préoccupations de la communauté internationale vont être prises en compte. Claude Joseph a évoqué la situation de la population qui est « aux abois » et qui est chassée par des gangs armés. « Au niveau de l’État, il y a des décisions qui doivent être prises. L’État doit agir dans ces moments difficiles », a dit le ministre qui a insisté sur le caractère souverain du pays. En tant que dirigeants d’un État souverain, nous sommes prêts à écouter les autres mais en même temps nous devons protéger la population, a poursuivi le ministre. Claude Joseph établit un lien entre l’adoption du Patriot Act qui contient des dispositions « extrêmement dures » aux États-Unis après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 et la publication des deux décrets du 26 novembre en Haïti. La position du ministre des Affaires étrangères laissant entendre que le gouvernement serait prêt à faire des concessions sur les deux décrets du 26 novembre semble etre contraire à celle déjà exprimée par le chef de l’État sur cette question. « Quand je prends une décision, je l’assume en tant que chef de l’État, le président de la République ! Toutes mes décisions sont prises pour le bien-être de la population», avait déclaré Jovenel Moïse le week-end écoulé alors qu’il était de passage dans le Nord-Est. « Le président est un démocrate. Ce n’est pas quelqu’un qui a un esprit figé. Il a fait ses preuves pendant presque quatre ans qu’il a passé au pouvoir », persiste Claude Joseph. Il a déclaré que « le décret créant l’Agence nationale d’intelligence est appelé à être modifié au fur et à mesure qu’il y a un Parlement ». « L’exécutif n’a aucune intention de fouler aux pieds les acquis démocratiques. C’est pourquoi nous allons discuter avec tous ceux qui ont des préoccupations », a insisté Claude Joseph.