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Le Nouvelliste

Où est passé le CEP du 22 septembre ?

Sept. 25, 2020, midnight

Nommés le vendredi 18 septembre, investis le mardi 22 septembre par le président de la République au Palais national, les nouveaux membres du Conseil électoral ne sont toujours pas entrés en possession de leurs bureaux à Pétion-Ville, au siège principal du Conseil électoral provisoire. Interrogé en exclusivité par Le Nouvelliste, un des membres du nouveau CEP a confié au journal qu’ils attendent la bénédiction de la Cour de cassation avant de commencer à travailler. Toutes les dispositions sécuritaires, sanitaires et logistiques ont été prises au bureau du CEP à Pétion-Ville pour accueillir les neuf nouveaux conseillers électoraux, a fait savoir au Nouvelliste un cadre de l’administration de l’institution électorale. « Il revient aux conseillers électoraux de venir occuper leurs bureaux quand ils le décident. Tout est prêt, on les attend », a indiqué notre source. Contacté vendredi par Le Nouvelliste sur une éventuelle date pour l’installation des membres du CEP à leurs bureaux à Pétion-Ville, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Rockfeller Vincent, a déclaré de façon laconique : « Je me garde de faire certaines déclarations ! » Le Nouvelliste s’est aussi entretenu au téléphone avec deux membres du nouveau CEP. L’un d’entre eux n’a pas voulu faire de déclaration. L’autre, sous couvert de l’anonymat, a déclaré : « Non, il n’y a pas encore de date arrêtée pour commencer à travailler à notre bureau à Pétion-Ville. N ap tann batèm nou nan Kou kasasyon », a-t-il dit en souriant.  Mais que faites-vous entre-temps ? Avez-vous eu des rencontres de planification ? A ces questions du Nouvelliste le nouveau conseiller électoral a fait savoir que les conseillers ne se rencontrent pas pour le moment, mais qu’il y a des démarches en cours pour faciliter leur prestation de serment à la Cour de cassation. « Pour le moment, nous nous occupons de nos activités personnelles respectives », a-t-il dit.    Le conseiller spécial du président de la République, Guichard Doré, avait soutenu, à la surprise générale et en faisant mentir la tradition républicaine, que les nouveaux membres du Conseil électoral provisoire n’ont pas à prêter serment devant la Cour de cassation.  Quand le président de la République a décidé d’investir les membres du Conseil électoral provisoire en dépit du fait que la Cour de cassation n’avait pas encore reçu leur prestation de serment, il n’a violé aucune disposition constitutionnelle, selon Monsieur Doré. Pour lui, la prestation de serment des membres du Conseil électoral provisoire devant la Cour de cassation n'est qu'une tradition. Prenant la parole à l’occasion de la 75e Assemblée générale virtuelle de l’ONU jeudi, le chef de l’Etat haïtien a déclaré : « Aujourd’hui, la République d’Haïti est amputée d’une institution indispensable à la bonne marche de la démocratie, le Parlement. Nous avons mis en place un nouveau Conseil électoral provisoire pour réaliser des élections crédibles, transparentes, inclusives, libres, honnêtes et démocratiques. » Toutefois, Jovenel Moïse n’a annoncé aucun calendrier pour la réalisation de ces élections. Le nouveau CEP qu’il a nommé est contesté même par son propre parti politique, le PHTK. L’opposition politique, qui continue d’exiger sa démission, rejette toute idée d’aller aux élections avec le pouvoir en place et qualifie d’inconstitutionnel le CEP du 22 septembre de Jovenel Moïse. A la Cour de cassation, les juges n’ont encore arrêté aucune date pour se fixer sur le sort de ce Conseil électoral provisoire. Plusieurs organisations, dont la Fédération des barreaux d’Haïti, Sant Karl Lévêque, RDNNH, CARDH, CRESFED, entre autres, ont fait opposition à la Cour de cassation sur la prestation de serment des nouveaux conseillers électoraux.