Le Nouvelliste
Les élections au barreau de Port-au-Prince renvoyées, l’ordre égratigne le chef de l’État
Sept. 26, 2019, midnight
La date des élections pour élire un nouveau conseil à la tête du barreau de Port-au-Prince est arrivée. Cependant, les joutes électorales n’auront pas lieu en raison de la situation précaire du pays. « La réunion de l’assemblée générale ordinaire des avocats du barreau de Port-au-Prince, fixée au 27 septembre 2019 pour défaut de quorum constaté à la convocation du 20 septembre 2019, est reportée en raison du climat de violence et de sécurité qui sévit dangereusement dans le pays », a fait savoir le bâtonnier Stanley Gaston, dans un avis publié mercredi. Les élections qui devraient être organisées à l’issue de l’assemblée générale ordinaire sont reportées en conséquence. Les avocats, explique le bâtonnier, se réuniront au préalable et au moment favorable à l’extraordinaire afin de déterminer le lieu de la tenue de ladite assemblée différée. Me Gaston a indiqué au journal que le report des élections ne va créer aucun vide institutionnel puisque le décret du 29 mars 1979, réglementant la profession d’avocat, accorde jusqu’à un mois au barreau pour l’organisation des élections. Celles-ci se dérouleront ainsi : celle du bâtonnier, celle du conseil, celle du secrétaire et du trésorier ou du secrétaire-trésorier. De nombreux candidats se préparaient déjà pour se présenter le jour des élections. Certains d’entre eux ont même présenté leur programme afin de rallier des avocats à leurs causes. Il faut attendre le jour des élections pour connaitre la totalité des cartels et des candidats. Les hommes de loi pourront ainsi voter au scrutin à majorité relative. Le candidat qui obtient le plus de vote devrait être intronisé le premier lundi du mois d’octobre, à l’occasion de la réouverture de l’année judiciaire. Par ailleurs, dans une note de presse du 26 septembre 2019, l’ordre des avocats s’est dit alarmé par la fracture de l’État de droit et le dysfonctionnement des institutions, y compris la justice du pays. De plus, il « convie Monsieur Jovenel Moïse, président de la République, à agir en homme d’État dans l’intérêt supérieur du pays et à être à l’écoute » des revendications populaires. L’ordre estime que les problèmes actuels et récurrents du pays symbolisent la situation de déliquescence qui sévit dans le pays. À l’ordre des avocats d’enfoncer le couteau dans la plaie : «Dans ce chaos, aucun leadership rassurant n’est affirmé. Or, la sécurité, premier droit fondamental de la personne, est de la responsabilité primordiale de l’État.» Sans désemparer, le président de la République, incarnant la puissance publique et étant le Léviathan devant ramener «la paix et la sérénité indispensables au fonctionnement des institutions et de la société», doit, selon l’ordre, prendre la décision qui s’impose.