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Le Nouvelliste

Échec des négociations à la nonciature apostolique, la durée du mandat du président Moïse est sur la table

Feb. 3, 2020, midnight

Si les organisateurs de la rencontre et les membres de l'opposition confirment l'échec des pourparlers, le gouvernement, par un communiqué du secrétaire d'État à la Communication, affirme qu'il y a des avancées et que les pourparlers vont se poursuivre. Le ton triomphant du texte ne donne cependant aucune date. La visite surprise de Jovenel Moïse lors des pourparlers vendredi n’a pas arrangé les choses, a appris Le Nouvelliste. Intervenant lundi matin sur Radio Magik 9, Jude Charles Faustin, qui représentait le président de la République aux négociations, a révélé que le chef de l’Etat avait fait une visite surprise vendredi à la nonciature apostolique. « Le président n’est pas attaché à un mandat, mais à des réformes. Il était prêt à faire des concessions majeures dans le cadre de ces réformes basées sur un calendrier réaliste. Le président était prêt à quitter le pouvoir bien avant le 7 février 2022 », a affirmé le conseiller de Jovenel Moïse. Initiées sous l'arbitrage du BINUH et de l'OEA, les trois journées de négociations politiques n'ont débouché sur aucun accord politique. Cet échec est le deuxième du genre pour une tentative de trouver une solution concertée à la crise après celle de décembre dernier à la nonciature apostolique. Pour l’essentiel, l’opposition a présenté comme solution de sortie de crise, le choix d’un Premier ministre par les éventuels signataires de l’accord à la nonciature apostolique et la société civile, la formation d’un gouvernement de consensus avec tout le monde ou quasiment concertation avec le chef de l’État, la formation d’une Assemblée constituante, entre autres. Le président de la République resterait en poste jusqu’au 7 février 2021 date à laquelle il remettrait sa démission, selon ce qu’a rapporté au Nouvelliste Paul Denis de l’organisation politique INIFOS, partie prenante aux négociations. Selon Jude Charles Faustin, si le chef de l’Etat est disposé à quitter le pouvoir avant la fin de son mandat, la date du 7 février 2021 proposée par l’opposition n’est pas réaliste pour la mise en place de la feuille de route du nouveau gouvernement, l’organisation des élections, la mise en place d’une Assemblée constituante. Selon lui, d’autres participants aux négociations avaient proposé des mois comme mai, juin et septembre 2021 pour le départ du président, mais il n’y a eu aucun accord sur ces dates.  « Après de longues heures passées à discuter de ces deux propositions, l’opposition est restée sur sa position et les partisans du pouvoir sont restés aussi sur leur position. On a pris acte qu’on ne peut pas trouver un accord. Les négociations ont échoué… », a indiqué au Nouvelliste Paul Denis, qui était le premier à quitter la nonciature apostolique dans la nuit de samedi à dimanche. Un membre de la société civile qui a pris part aux négociations à la nonciature apostolique a fait savoir au Nouvelliste que les représentants du pouvoir ont laissé comprendre que le président serait disposé à quitter le pouvoir à la fin de l’année 2021, ce qui est considéré comme une proposition dilatoire par l’opposition politique. « Nous sommes restés bloqués sur ces propositions jusqu’à 2 heures du matin ce samedi. Pour le gouvernement, il y a des avancées et les pourparlers vont se poursuivre Parallèlement, dans un communiqué publié samedi matin, le gouvernement a laissé comprendre toute autre chose sur ces négociations. «…au cours de trois jours de discussions tenues sereinement à la nonciature, les protagonistes présents sont parvenus à une entente sur les points suivants :1. La question relative à la Constitution et la mise en place d’une assemblée constituante; 2. L’élaboration d’une feuille de route », lit-on dans le communiqué du secrétaire d’État à la Communication. « Suite à ces assises qui se sont déroulées en présence du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) et de l’Organisation des États américains (OEA), les représentants des différentes parties se sont accordés en vue de poursuivre les pourparlers autour des points de désaccord qui subsistent dans l’objectif de façonner enfin cette entente politique nécessaire à un dénouement pacifique et durable à la crise. Les points de désaccord concernent l’adoption d’un calendrier réaliste et une gouvernance de consensus basée sur la compétence », a fait savoir le gouvernement, soulignant que le président Jovenel Moïse a tenu à réaffirmer qu’il n’est pas « attaché à un mandat mais plutôt à des réformes qui devront être inscrites dans un calendrier réaliste et accepté par toutes les parties ». Contrairement au communiqué du gouvernement, la communauté internationale, qui supportait les négociations, a reconnu l’échec des pourparlers. « Le Core Group (composé de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, et de l’Union européenne ainsi que du représentant spécial de l’Organisation des États américains) remercie le nonce apostolique et son équipe pour avoir accueilli la « conférence politique pour une sortie de crise » ces 29, 30 et 31 janvier derniers et regrette que les participants aux discussions n’aient pu parvenir à un accord malgré leurs efforts. Réitérant leur soutien aux institutions de l’État et au peuple haïtien, les membres du groupe invitent l’ensemble de la classe politique et des secteurs de la société haïtienne à prendre leurs responsabilités face aux défis auxquels le pays est confronté. Le Core Group se tient prêt à soutenir toute initiative constructive de dialogue offrant une perspective réelle de résolution de la crise politique et institutionnelle dans laquelle Haïti demeure plongé », lit-on dans un communiqué. Trois signataires de l’accord de Marriott sur cinq, à savoir Mache kontre, la société civile, le Bloc démocratique, les signataires de l’accord de Kinam, des partis politiques signataires d’aucun accord comme le RDNP, KONA, INIFOS et Palmiste, des représentants du président de la République Rénald Lubérice, secrétaire général du Conseil des ministres, Jessy Ménos et Jude Charles Faustin étaient depuis mercredi à la nonciature apostolique pour tenter de trouver une solution à la crise. Des observateurs comme la Fédération protestante, la Conférence des évêques de l’Eglise catholique, la Conférence des recteurs et présidents d’universités haïtiennes (CORPUAH), entre autres ont pris part à ces négociations organisées avec le support du Bureau intégré des Nations unies pour Haïti (BINUH), représenté par  Helen La Lime, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, et le soutien de l'Organisation des Etats américains, représentée par Cristobal Dupouy. »