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Le Nouvelliste

Embargo contre Haïti sur les armes, corruption, justice et PNH, Jon Piechowski, sous-secrétaire adjoint au Département d’État, se prononce

Feb. 18, 2020, midnight

L’interview avait eu lieu le 7 février dernier, bien avant les derniers incidents qui ont affecté la Police nationale d’Haïti. En son bureau au Département d’État américain, Jon Piechowski, sous- secrétaire adjoint au Département d’Etat américain pour les questions de l’hémisphère occidental, avait répondu aux questions du Nouvelliste. Deuxième partie. Piechowski, qui a servi de 2010 à 2012 à l’ambassade américaine en Haïti, éclaire sur plusieurs sujets. « Il n’y a pas d’embargo » contre Haïti sur les armes, « la question de la sécurité est très compliquée », admet-il quand on l’interroge sur la PNH et la bataille contre « l’impunité et la corruption » qui va se poursuivre. L’explication est avancée depuis des années par les responsables haïtiens. Il existerait un embargo qui interdit d’importer des armes en Haïti pour équiper la Police nationale d’Haïti. À la question « Y a-t-il un embargo sur les armes qui affecte la Police nationale haïtienne ? », Jon Piechowski, sous- secrétaire adjoint au Département d’État américain pour les questions de l’hémisphère occidental, répond directement : « Il n'y a pas d'embargo sur les armes imposé par les États-Unis sur les exportations ou les importations (pour transit, n.d.l.r) d'armes à feu pour la Police nationale d'Haïti».  « En vertu du Règlement sur le trafic international d'armes, les États-Unis examinent au cas par cas toute autorisation d'exporter des articles ou des services de défense vers Haïti.  Toute exportation sous licence d'armes et de matériels connexes ne peut être faite qu'aux unités de sécurité haïtiennes désignées par le gouvernement d'Haïti, en coordination avec le gouvernement américain », a-t-il expliqué. Il y a des contrôles, mais pas d’embargo. Pour s’équiper, Haïti doit remplir les formalités requises et définir clairement qui seront les utilisateurs des armes et qui s’occupera de l’entreposage, a appris par ailleurs Le Nouvelliste. Si les États-Unis d’Amérique ne fournissent pas de matériels létaux (armes, munitions et autres) à la Police nationale d’Haïti ni au pays depuis des années, les USA fournissent beaucoup d’aides dans beaucoup de domaines, y compris la formation à la PNH. Pas une semaine ne se passe sans une action américaine de support à la police haïtienne; le dernier don d’équipements remonte au 10 février dernier et la dernière formation au 17 février de cette année. Malgré l'accompagnement et l’appui continus des Etats-Unis à la Police nationale d’Haïti, l’institution policière ne rencontre pas toutes les attentes de la population en termes d’enquête, de sécurité, de protection, etc. Qu’est-ce que les États-Unis n’ont pas fait avec Haïti pour la PNH? Pour Jon Piechowski, « la question de la sécurité est très compliquée. Nous restons des partenaires fermes de la Police nationale haïtienne. C’est une institution populaire. C’est une institution qui répond aux défis dont tous les Haïtiens souffrent au quotidien. Mais le défi est grand. Nous allons maintenir notre appui à la police. Et en même temps nous allons continuer à fournir notre aide dans tout le secteur judiciaire. Parce que la police n’est que l’un des ingrédients ». Interrogé sur la marche du système judiciaire, secteur qui a beaucoup reçu des États-Unis, le sous- secrétaire adjoint au Département d’État américain pour les questions de l’hémisphère occidental concède : « Tous les Haïtiens savent que la justice se développe très difficilement. Et Haïti n’est pas le seul pays dans notre région qui est  confronté au problème de l’impunité. Je peux vous dire que nous continuerons à travailler ensemble avec le secteur judiciaire, avec tous les acteurs, les juges et aussi avec la police afin qu’il n’y ait plus d’impunité, de corruption dans le pays. » À la question de savoir si les USA appuient la lutte contre la corruption en Haïti, « de manière générale, je peux dire oui. Je ne connais pas tous les programmes que nous avons actuellement. Mais pour nous, c’est un aspect important d’un système qui marche mieux », a expliqué Piechowski. Frantz Duval