Le Nouvelliste
Journée de tension à Port-au-Prince
Jan. 28, 2021, midnight
Des unités de la Police nationale d’Haïti ont mené une intervention au bas de Delmas, le jeudi 28 janvier. L’opération visait le territoire contrôlé par le chef de gang Jimmy Chérisier, alias Barbecue. Cet ancien policier est épinglé dans plusieurs rapports d’organisations de droits humains et du BINUH pour son implication dans les tueries de La Saline en novembre 2018. Le porte-parole de la PNH, Garry Desrosiers, a confirmé l’opération au Nouvelliste. « Nous venons à peine de terminer. Nous étions à bas Delmas. Dans les quartiers de Delmas 2, 4 et 6. Nous étions dans le fief de Barbecue », a-t-il expliqué au journal. Le porte-parole ne pouvait pas encore donner un bilan de l’opération au cours de son entrevue avec le journal. L’opération policière a duré toute la journée. Des tirs sporadiques ont été entendus. Des barricades de pneus enflammés ont également été remarqués. De Delmas 2 à Delmas 18, la population civile y a vécu l’horreur. « En plus d’avoir été paniqués par les tirs nourris, nous avions été incommodés par le gaz lacrymogène. Des blindés ont sillonné la zone durant plusieurs heures. Difficile de savoir si le gaz lacrymogène provenait de la police ou des bandits. Toutefois, je vous assure que c’était l’enfer », a confié un témoin qui vit à Delmas 10. Alors que la police intervenait au bas de Delmas, l’entrée sud de la capitale a été barricadée au niveau de Martissant et Fontamara. Des camions ont été placés en travers de la route. Des informations laissent croire que les barricades ont été érigées par des membres de la coalition de gangs appelée G9 pour prévenir une éventuelle attaque de la police dans la zone. Selon un usager de ce tronçon de route contacté par le journal, cette situation qui a débuté aux environs de 11h, s'est poursuivie jusqu’en début de soirée. « Je ne sais pas quand je vais pouvoir rentrer à la maison », s’est-il plaint. Selon lui, des milliers de personnes sont touchées par cette situation. « La route relie Port-au-Prince à quatre départements. J’ai vu des gens marcher à pied, tentant de traverser les barricades à Martissant et à Frontamara à la recherche d'un autobus ou d'un tap-tap de l’autre côté. Ils étaient plusieurs milliers à vivre cette situation », a-t-il rapporté. Par ailleurs, des tensions ont eu lieu dans d’autres secteurs de la capitale ce jeudi. En effet, des barricades de pneus enflammés ont été remarqués à l’avenue Christophe et à la rue Magloire Ambroise. Des étudiants de l’UEH sont sur le pied de guerre depuis le début de la semaine pour exiger le départ du président Jovenel Moïse. Des heurts ont éclaté entre policiers et étudiants en marge de la manifestation. Un étudiant a été blessé par balle.