Le Nouvelliste
Covid-19: les hôpitaux privés lancent un S.O.S et sollicitent l’accompagnement de l’Etat
April 8, 2020, midnight
L’Association des hôpitaux privés d’Haïti (AHPH), dans un appel au secours, a sollicité ce mercredi le soutien et l’accompagnement de l’Etat afin que les hôpitaux privés continuent à être fonctionnels et que les professionnels de la santé puissent travailler en toute protection vu les risques accrus d’attraper le Covid-19. Le président de l’AHPH, en entretien avec le journal ce mercredi, a lancé un S.O.S, dit-il, qui doit être accueilli non seulement par les autorités haïtiennes, mais aussi par le secteur privé des affaires et la société civile. « Il va falloir qu’on mette à notre disposition les moyens en termes de matériel et d’équipements ainsi que de moyens financiers et sécuritaires », a lancé le Dr Franck Généus qui, dans un communiqué, a expliqué la nécessité d’ « éviter, à tout prix, la rupture des services de santé essentiels aux patients non Covid-19. » Le spécialiste en santé publique considère comme une priorité majeure que les hôpitaux privés puissent continuer à servir la population. Il confirme l’engagement des responsables à jouer leur rôle de fournisseurs de services de santé à la population haïtienne durant cette crise. « Nous ne pourrons pas être utiles si nous n’avons pas l’encadrement de l’Etat, de la société civile qui manifeste son désir d’aider ainsi que du secteur privé. Il nous faut des ressources et parmi lesquelles le matériel consommable, dont les médicaments », a-t-il indiqué, promettant qu’il adressera une correspondance officielle aux instances concernées afin de commencer les discussions avec l’Etat vers une meilleure préparation du secteur privé de la santé en vue de répondre à ce défi majeur de santé publique qui nous menace tous. Depuis la confirmation de cas avérés de Covid-19 en Haïti le 19 mars dernier, de nombreux centres hospitaliers privés à travers le pays ont fermé plusieurs services offerts, dont la clinique externe. L’Hôpital Français d’Haïti, mal barré avec un patient qui a présenté les symptômes du Covid-19, et surtout à cause des lacunes des autorités sanitaires dans la prise en charge des cas suspects de la maladie, a décidé de suspendre ses principaux services, dont les urgences et l’hospitalisation. Les responsables de cette institution sanitaire vieille de 100 ans ont soutenu qu’ils ne disposaient pas d’équipements de protection individuelle pour son personnel afin de faire face à l’épidémie qui fait, à ce jour, au moins 82 726 morts. Si l’Association des hôpitaux privés considère l’implication de ses structures dans la lutte contre le Covid-19 comme un devoir citoyen, elle ne convient pas pour autant que cette implication peut se faire de n’importe quelle manière. « Cette implication se fera de manière ordonnée dans le cadre d’un « partenariat formel avec l’Etat qui mettra à la disposition des hôpitaux privés impliqués les moyens matériels et financiers nécessaires à cette mobilisation », a-t-il déclaré, soulignant que les hôpitaux sont invités à fournir assistance aux cas de Covid-19, selon leurs capacités. Le Dr Franck Généus explique qu’il y a trois niveaux dans la prise en charge d’un patient infecté par le Sars-CoV-2. Le premier niveau est celui où l’état de santé du malade ne nécessite pas une hospitalisation. C’est le niveau ambulatoire. Dans le deuxième niveau, l’état de santé du patient requiert une hospitalisation mais pas d’interventions évasives. Le troisième niveau, c’est quand le patient a besoin d’être intubé, d’être sous respirateur artificiel. « Pour les deux premiers niveaux, beaucoup de structures de santé du secteur privé peuvent aider. Quant au troisième niveau, peu de structures sont en capacité à prendre en charge les patients. Nous souhaitons que les mécanismes de référence et de transfert de malade du niveau 1 et 2 vers le niveau trois puissent être créés et fonctionner de façon structurée et opérationnelle », a-t-il souhaité, saluant l’élan de solidarité qui commence à se manifester au niveau national en vue d’affronter ce monstre qu’est le Sars-CoV-2. Le président de l’AHPH fait savoir qu’il a été approché par plusieurs structures, y compris par l’Etat, pour savoir ce dont les hôpitaux privés ont besoin pour s’embarquer dans la lutte contre la pandémie. Il dit voir d’un bon œil la nomination du Dr Jean William Pape à la tête de la Commission multisectorielle de gestion du Covid-19. « L’Etat haïtien vient de remporter sa première grande victoire sur le Covid-19 lorsqu’il a nommé le Dr Bill Pape aux côtés du directeur général du MSPP (Dr Lauré Adrien) pour mener la coordination autour de tous les secteurs dans le but de répondre aux défis du Covid-19. En soi, c’est une victoire », a avoué le médecin, confiant son optimiste dans l’avenir. Par ailleurs, le spécialiste en santé publique invite à comprendre que la bataille contre le virus ne va être gagnée qu’en priorisant l’aspect médical. Il conseille les autorités à intervenir dans les marchés, dans les rues, dans les communautés. L’Etat doit faire de son mieux pour que la population arrive à comprendre les mesures prises afin qu’elle les mette en pratique. Le port de masque par tout le monde, le lavage des mains obligatoire et fait de manière compulsive au niveau des espaces publics, la diminution drastique de la circulation sont des interventions à prescrire.