Le Nouvelliste
La mortalité materno-infantile au temps du coronavirus
May 7, 2020, midnight
« L'édition 2020 de cette journée internationale prend une envergure particulière, étant donné que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété 2020. Année internationale de la sage-femme et du personnel infirmier et qu'elle survient dans un contexte de crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19 », a déclaré le Dr Marie Gréta Roy Clément, ministre de la Santé publique et de la Population en guise de mise en contexte de la Journée internationale de la sage-femme. « Les sages-femmes jouent un rôle indispensable dans la délivrance des services de santé sexuelle, maternelle, néonatale et reproductive. Aujourd'hui, c'est pour nous une occasion de leur témoigner notre reconnaissance et de valoriser leur travail dans l'amélioration de l'offre de soins» », a fait savoir la ministre de la Santé publique et de la Population. Plusieurs études ont démontré que des acquis comme la baisse du taux de mortalité materno-infantile dans les pays à faible revenu se perdent à force que le Covid-19 gagne du terrain. La stratégie de confinement adoptée par beaucoup de pays et l'utilisation des centres et du matériel hospitalier dans le traitement du Covid-19 font baisser le nombre de consultations prénatales, augmentent les accouchements à domicile mettant au passage la vie des femmes enceintes et des nouveau-nés en péril. En ce sens, la ministre de la Santé publique et de la Population rappelle que les autorités sanitaires en Haïti ont conscience du danger que représente la discontinuité de certains services de santé en cette période de pandémie. « Face à cette inquiétude, le MSPP travaille étroitement avec ses partenaires pour réduire l'impact de l'augmentation des grossesses non désirées, des accouchements non assistés par un personnel qualifié; de l'augmentation de décès prématurés; de l'augmentation des violences basées sur le genre par les situations de confinement et de détresse économique », a relaté Dr Marie Gréta Roy Clément. Pour sa part, Ghislaine Mompremier, titulaire du ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes, a fait savoir que cette journée est d'autant plus importante que la pandémie de Covid-19 est en train d'exacerber des inégalités déjà existantes comme celles d'ordre économique, sanitaire et sociopolitique. Plus loin, la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes a souligné que le rôle de la profession de la sage-femme est essentiel pour garantir le droit à la santé des femmes tout en favorisant leur pouvoir de décision sur les questions relatives à leur santé par une éducation active, participative et interactive. Mais ce rôle ne se limite pas aux aspects sanitaires. « Il est reconnu dans de nombreux pays que la participation égalitaire des femmes aux multiples domaines de la vie est une question d'importance majeure. De même, ceux qui ont intégré la pratique sage-femme de manière complète et structurée voient leur taux de mortalité materno-infantile diminuer considérablement. Les sages-femmes, de par leur spécificité, occupent une place privilégiée auprès des femmes et de leur communauté. Elles appuient ces dernières dans la pleine reconnaissance de leurs droits et sont des secteurs clés dans l'autonomisation des femmes et des filles », a souligné la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes. Dans son message de circonstance, la directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Dr Natalia Kanem, a mis l'emphase sur les progrès accomplis avec l'aide des sages-femmes. « Aussi petits soient-ils, les progrès réalisés (pour mettre fin à la violence, dénoncer les biais et les discriminations, garantir l’autonomie et l’intégrité physique, et asseoir l’égalité) nous rappellent que le chemin vers l’égalité des genres n’a pas à être aussi long. Par exemple, des centaines de millions de femmes et de filles souhaiteraient éviter une grossesse, mais n’ont pas accès à des méthodes de planification familiale modernes et fiables. Pire encore, chaque année, près de 300 000 femmes et filles meurent durant l'accouchement, alors même que la vaste majorité de ces décès maternels pourraient être évités.»