Le Nouvelliste
Gonaïves : Jovenel Moïse renonce, ses opposants jubilent
Dec. 30, 2019, midnight
Le chef de l’État, Jovenel Moïse, a officiellement annulé sa participation à la célébration du 216e anniversaire de l’indépendance nationale aux Gonaïves, le 1er janvier 2020. M. Jude Charles Faustin, l’un de ses conseillers, a confirmé la nouvelle ce lundi. Cette décision, a soutenu ce dernier, est un moyen d’éviter des affrontements entre les membres de la population. Les insurgés se sont félicités de « l’efficacité » de leur plan de bataille. Depuis environ un mois, aux Gonaïves, l’opposition avait mis le chef de l’État au défi de participer au Te Deum. À cet effet, une série de protestations visant à boycotter sa visite a été lancée. Pour renforcer les dispositions, le 1er janvier, sur la place d’armes, site officiel des festivités, sont programmées les funérailles du militant Mécène. Celui-ci a été tué à Raboteau, le 21 décembre dernier, au cours d'affrontements entre les agents de la Police nationale d'Haïti et des insurgés. Une manifestation de rue devrait clore la journée. De l’avis des opposants, la renonciation de Jovenel Moïse est une « victoire ». Selon eux, cela prouve qu’il perd peu à peu le contrôle du territoire national. Ces militants n’entendent nullement lâcher prise. Ils ont promis de maintenir encore plus haut le flambeau de la mobilisation. « Jovenel Moïse est un corrompu. Nous resterons mobilisés jusqu’à sa démission », a déclaré le militant Raphaël Clavanet Marado. Le président de la République s’est rendu samedi matin à Port-de-Paix. Lors de son passage, une vive tension a régné dans la cité. Des opposants voulaient s’attaquer au cortège. Les agents de l’Unité spéciale de la garde du palais national (USGPN) ont dû utiliser la force pour protéger la délégation. Les insurgés armés de Raboteau ont à leur tour riposté. Des barricades et des pneus enflammés ont été remarqués dans plusieurs zones stratégiques. Selon une source proche de la délégation départementale, durant son séjour, le président devait visiter certains chantiers en cours. Dans une ambiance de rara, il devait également prendre un bain de foule. En raison du vent de panique, tout a été annulé. Minée par le mouvement de protestation, à la veille du Nouvel an, la ville des Gonaïves est sale. Certaines zones sont totalement enclavées, avec des barricades permanentes. Le service de voirie de la mairie peine à accomplir son devoir. Le centre-ville est devenu une zone à risque. Les armes y crépitent allègrement. Jodherson Cadet