Le Nouvelliste
Le ministre de la Justice instruit le Haut Commandement de la PNH de traquer les bandits et policiers qui sèment la terreur
June 10, 2020, midnight
« Il y a des menaces graves que le groupe Fantom 509 profère envers le ministère de la Justice particulièrement. C’est un groupe de terroristes », a d’entrée de jeu indiqué le ministre de la Justice en conférence de presse ce mercredi. Soutenant qu’il pèse ses mots, Me Lucmane Delille a rappelé les faits dont est coupable le groupe Fantom 509 : destruction de biens publics et privés, casse des voitures, incendie, tirs, trouble à l’ordre public, pillage d’institution publique. Selon lui, ces agents de police ont intimé des menaces, laissant croire qu’ils vont dévaliser le ministère de la Justice d’ici les 11, 12 et 13 juin. Il a mis l’accent sur le 12 juin de cette année qui marque le 25e anniversaire de la Police nationale. À cette date, le menu des policiers en rébellion semble etre chargé. À en croire le ministre de la Justice, ce groupe projette de s’attaquer à la Direction générale de la police. « Nous les avons infiltrés et nous savons ce qu’ils font. Il y a un lieu où ils se réunissent, chez un leader politique, un médecin, un chef de parti politique », a confié Me Lucmane Delill, qui manifestement compte déjouer les plans des conspirateurs. Plus loin, l’ancien chef du parquet de Port-au-Prince a affirmé que sur la base d’informations dignes de confiance, ces policiers projettent d’attaquer le cortège du président de la République, au niveau de l’Académie de Police. « Il y a deux scénarios : un premier groupe tentera de l’attaquer alors qu’il rentrera à l’Académie ; dans un deuxième temps, un autre groupe devra manifester pour la libération de prisonniers politiques. Mais leur plan réel c’est de m’éliminer, car je constitue un obstacle pour eux », a déclaré le ministre, qui dispose de photos de certains policiers concernés. Sympathisant aux peines des policiers et militaires qui servent le pays au détriment de leur vie, Me Delille a souligné que personne ne peut s’opposer aux revendications de la police. En tout cas, pas ceux qui souhaitent la bonne marche du pays. « Parfois j’ai honte quand je constate dans quelles conditions travaillent les policiers dans des villes de province », a-t-il avoué. Cependant, cela ne confère pas aux policiers le droit de revendiquer n’importe comment. Les revendications « doivent se faire dans l’ordre et la discipline. Un policier, a ajouté Lucmane Delille, ne peut se permettre de vandaliser des biens car cela envoie une mauvaise image du pays ». Pour répondre aux besoins des policiers, a-t-il garanti, plus de 80 % du montant du cadre budgétaire est alloué au ministère de la Justice qui est l’autorité de tutelle de la Police nationale. « Au niveau du CSPN j’ai parlé au Premier ministre, et j’ai parlé en privé avec le Chef de l’État, afin de consacrer plus de moyens à la Police même si les ressources du pays sont limitées », a fait savoir le ministre de la Justice et de la Sécurité publique. En ce qui concerne les plans funestes des soi-disant policiers, « nous leurs disons attention.Nous jurons que ce désordre ne se répètera plus. S'ils tentent de venir ici, advienne que pourra », a prévenu le ministre, qui visiblement, ne témoigne aucun respect pour ces gens. À la guerre comme à la guerre, lance-t-il. Tant qu’il est le ministre de la Justice, soutient-il, aucune pression ni chantage ne pourra être fait. Étant donné que Lucmane Delille les considère comme des terroristes, il a renchéri qu’il a déjà écrit à des pays amis d’Haïti pour les identifier et les empêcher d’y résider… « J’ai instruit la Direction générale de la police nationale et l’Inspection générale de révoquer ces policiers. Ils veulent faire sombrer le pays », a poursuivi Me Lucmane Delille. Pour finir, a persisté l’homme de loi, nous demandons à la Police nationale d’interpeller Jimmy Cerisier, alias Barbecue, qui se promène alors qu’il a un mandat contre lui. « Même s’il retournait dans le ventre de sa mère, il faudra le conduire par devant la Justice », exige l’ancien commissaire du gouvernement. Il n’a de cesse de rappeler « qu’il faut traquer ces messieurs comme des bêtes sauvages. Que ce soit Barbecue ou des gens qui se font passer pour des policiers appartenant au groupe terroristes Fantom 509 ». Le ministre de la Justice a soutenu qu’il n’a jamais vu une vidéo (devenue pourtant virale) dans laquelle Barbecue, "assisté de gens vêtus de l’uniforme de la police", distribuant des kits alimentaires. Rejetant d’un revers de main que ces gens font partie de la Police nationale, le ministre a soutenu que l’Inspection générale, la police des polices et la DCPJ sont déjà instruits pour enquêter afin d’écarter ces individus des rangs de la PNH, s’ils appartiennent au corps. Pour le ministre de la Justice, l’État haïtien, encore moins lui-même, n’est en « connivence » avec aucun chef de gang du pays. « Nous n’avons aucun rapport avec ces gens». Malheur à celui qui est de mèche avec ces vagabonds. Vous pleurerez quand même », a souligné le ministre de la Justice qui fait du dénommé Barbecue une cible.