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Le Nouvelliste

Une famille criblée de balles à Croix-des-Bouquets

Jan. 24, 2020, midnight

On aperçoit une fillette en uniforme de son établissement scolaire, sac de livres à côté de sa tête, sans vie, les yeux fermés pour l’éternité. Le large sourire de Micky Mouse imprimé sur ce sac rouge sang tranche avec le corps maculé de sang de cette adolescente étalée dans la boue, au bord de la route de Croix-des-Bouquets, jeudi 23 janvier 2020. Cette image d'une enfant, en uniforme scolaire, baignant dans son sang, largement partagée sur les réseaux sociaux, rappelle une triste réalité de l’insécurité qui prévaut dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Sur une autre photo, on voit un homme quittant sa place de chauffeur pour tenter de se réfugier sur le siège arrière de son véhicule. C’est en biais, entre deux sièges du véhicule, que la mort le fige. Criblé de balles. Gaudy Salomon, ancien policier, employé de l'Inspection générale des finances, rentrait chez lui avec ses deux enfants et un parent, quand la famille a été attaquée par des bandits qui ont criblé de balles sa voiture, une Suzuki grise, modèle Grand Vitara.  L’homme et sa fille de 13 ans ont été tués sur-le-champ par les individus armés. Le garçon de la famille, âgé de sept ans, ainsi qu’un neveu de Gaudy Salomon dans la vingtaine, ont été blessés lors de l’attaque et conduits dans un centre hospitalier pour recevoir des soins.  L’enfant, blessé à la main, a été opéré avec succès. Le neveu risque d’être paraplégique, a confié une source, au journal. Une autre personne dont l'identité n'a pas été révélée aurait été aussi tuée au cours de l'attaque. Les circonstances de cette attaque ne sont pas encore élucidées par la police.  Ces derniers jours, on ne compte plus les actes d’insécurité, liés ou pas au climat de développement du banditisme, qui endeuillent la population à la capitale et en province.  Souvent, ce sont les photos partagées sur les réseaux sociaux qui leur donnent du relief. Les autorités ne tiennent pas compte des victimes. La police ne parle dans ses points de presse que des arrestations effectuées. Les morts et les blessés sont passés sous silence. Ces statistiques ne sont pas tenues avec rigueur.  Plus tôt dans la journée du jeudi 23 janvier 2020, lors d’une prise de parole au Palais national, le président Jovenel Moïse avait indiqué qu’il n’est pas indifférent aux morts liés à l’insécurité. Le chef de l'État a assuré avoir entendu les cris des habitants du grand Sud, de Martissant, de Carrefour en proie à la furie des bandits.  Le président a indiqué que des instructions sont passées pour que la police, quelles que soient l’unité et l’affectation, au palais, à la DCPJ, à l’UDMO, mette tout son poids, mobilise tous ses moyens pour assurer la sécurité des vies et des biens.  Jovenel Moïse a, une nouvelle fois, appelé les bandits armés à remettre leurs armes ou courir le risque de finir au cimetière.