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Le Nouvelliste

Coronavirus : des bavures policières pour faire respecter le couvre-feu à Jérémie

April 27, 2020, midnight

Face à l’augmentation des cas testés positifs de l’épidémie en Haïti, les autorités judiciaires et policières du département de la Grand'Anse veulent jouer l’extrême fermeté. Dans la ville de Jérémie, plusieurs patrouilles policières, accompagnées d'un juge de paix, sont déployées pour faire respecter le couvre-feu de 8 heures du soir à 5 heures du matin. Si la devise de l'institution policière est de « Protéger et Servir », depuis l'annonce par la direction départementale des mesures drastiques pour faire respecter le couvre-feu, la population ne semble plus faire confiance aux agents de la PNH. Les accusations contre les forces de l’ordre se multiplient. Certains membres de la population, surtout dans les quartiers défavorisés de la ville, accusent les policiers de violation de leurs droits, de leur dignité, dans leurs tentatives de faire respecter le couvre-feu. Les Jérémiens disent espérer, après la fin de cette crise sanitaire, voir cette même motivation du côté de la PNH et de la justice pour freiner les actes de vol, de viol et de banditisme qui sont en hausse depuis deux années dans le département. Deux jeunes hommes arrêtés et tabassés par des policiers en présence d'une juge de paix La scène se passe en présence d'une juge de paix, le samedi 25 avril 2020, à la rue Alexandre Pétion, à Jérémie. Selon les témoignages recueillis le lendemain, alors que ces deux jeunes étaient en voiture et tentaient de regagner leur maison, une patrouille policière leur a intimé l’ordre d’arrêter le véhicule.  Au dire des policiers, ces jeunes tentaient de s'opposer aux restrictions sur les déplacements durant le couvre-feu et avaient refusé d’obtempérer à leur demande. La version est tout autre du côté des témoins présents au moment de l'incident. Plusieurs riverains ont démenti la police et disent ne pas comprendre cette brutalité de la part des policiers et confirment que les policiers n'ont même pas laissé aux jeunes gens le temps de s'exprimer. Les victimes, ont, selon la population, été menottés et ensuite passés à tabac par au moins d'une dizaine d'agents de l'ordre. Ligotés les mains dans le dos, les jeunes, toujours selon les riverains, ont été escortés par les agents et la juge de paix à pied, au commissariat de police. La veille, des policiers avaient tabassé des petits commerçants et des clients réunis aux abords de la place Dumas. Ces réactions ont indigné les défenseurs de droits humains, dont Gérald Guillaume, responsable d'IDETTE, qui a appelé les forces de l'ordre à « s'abstenir de violences gratuites ». Défiance entre policiers et population Des altercations entre policiers et des membres de la population ont éclaté dans la soirée du dimanche 26 avril, en réaction aux moyens peu orthodoxes employés par la police pour faire respecter le couvre-feu. « Les policiers ne devraient pas nous traiter comme ça: ils ne peuvent pas utiliser du gaz lacrymogène pour nous obliger à respecter le couvre-feu et nous fouetter en plus», a dénoncé un des observateurs après la dispersion d'une foule.  « J’ai été surpris de voir la réaction de la population face aux mesures prises par la police et la justice pour faire respecter le couvre-feu », a déclaré un policier de la SDPJ, questionné sur la brutalité des agents de la police au moment du couvre-feu. «Nos policiers sont très professionnels et la population doit comprendre que la police n'est pas l'ennemi et qu'elle doit aider l'institution et la justice dans cette lutte contre le Covid-19», a t-il ajouté. Pour rappel, selon les dernières données fournies par MSPP, avec cinq cas suspects la Grand'Anse n'est pas encore officiellement touchée par le Covid-19 et cela devrait permettre aux autorités grand'anselaises de mettre l'accent sur la sensibilisation au lieu d'opter pour la forçe et de créer la psychose chez les plus vulnérables. Flavien Janvier jflavien50@gmail.com