Le Nouvelliste
Gonaïves/Covid-19: placés en isolement domiciliaire, des malades défient les autorités
June 19, 2020, midnight
La Direction sanitaire du département de l’Artibonite affirme que de nombreux malades placés en isolement à domicile ne respectent pas le protocole de sécurité. Dès la disparition des premiers symptômes, ils gagnent les rues et exposent la vie des autres citoyens au danger. D’un ton ferme, le titulaire de la DSA, le Dr Marcel Chatelier avait menacé de placer de force ces récalcitrants en isolement institutionnel. Jusqu’à présent, la montagne semble accoucher d’une souris. Dans la cité de l’Indépendance, la gestion de la crise sanitaire se révèle de plus en plus catastrophique. Sur les ondes, les autorités donnent l’impression qu’elles assument leurs responsabilités. Or sur le terrain, les constats prouvent le contraire. Depuis quelque temps, on observe une rupture dans la chaîne de sensibilisation massive. Alors que la Covid-19 continue d’étendre ses tentacules dans les communautés et, dans le plus grand silence, des citoyens meurent de fièvre. Selon les dernières statistiques, quatre-vingt-deux cas confirmés et quatre décès sont recensés dans le haut Artibonite. Dans les rues des Gonaïves, il n’est pas étonnant de croiser des personnes testées positives qui vaquent à leurs occupations sans porter de masque. Très souvent, les concernés évoquent un problème allergique ou respiratoire pour justifier leur comportement irresponsable. Vu cette situation inquiétante, la DSA avait menacé d’utiliser la force pour limiter les dégâts. « N’importe quelle négligence de la part de la personne contaminée peut aggraver la situation, croit M. Chatelier. Nous, les autorités, décidons d’agir à temps. » Deux semaines plus tard, le centre d’isolement est encore vide. Joint par téléphone, le directeur médical de l’hôpital La Providence des Gonaïves (HPG), le Dr Excène Joseph, a fait savoir que les malades s’opposent catégoriquement à l'isolement institutionnel. « Les équipes de terrain sont très motivées mais, la majorité des malades échappent à leur contrôle », a déploré le responsable. La situation, ajoute-t-il, est extrêmement compliquée. De nombreuses personnes refusent de se rendre au point de triage par crainte d'être « empoisonnées ». « C’est archifaux ! Les médecins n’injectent pas de poison dans les veines des patients », soutient un membre du personnel de santé de l’HPG en vue de dissiper la crainte des citoyens. Le professionnel invite la population à accorder une grande importance à leur santé en cette période de pandémie. « Plus tôt vous arrivez, plus facile sera votre prise en charge », rappelle le médecin. Pour sa part, l’épidémiologiste Ronald Pierre exhorte les citoyens à respecter strictement les principes d’hygiène et les consignes. Il tient à rappeler que 81% des personnes infectées au nouveau coronavirus ne présentent aucun signe ni symptôme. La responsabilité citoyenne, avance-t-il, reste la meilleure façon de rompre définitivement la chaîne de contamination communautaire.