this used to be photo

Le Nouvelliste

Bel-Air : le RNDDH déplore la banalisation de la vie par les autorités étatiques

Dec. 17, 2019, midnight

Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a présenté le bilan des évènements survenus à Bel-Air du 4 au 8 novembre 2019. Deux groupes armés sont indexés dans ce rapport en ce qui concerne les tueries. Il s’agit, selon le rapport du RNDDH, du gang dirigé par l’ex-policier Jimmy Chérizier, alias Barbecue, et divers gangs de Bel-Air aidés de plusieurs policiers. « Jimmy Chérizier, alias Barbecue, chargé par les autorités exécutives de déblayer les rues, a attaqué plusieurs blocs de Bel-Air avec le concours d’agents de la BOID. En réponse, des groupes armés évoluant au Bel-Air ont attaqué les fiefs de Jimmy Chérizier et/ou de ses proches, avec le concours de certains agents de la PNH, alourdissant ainsi le bilan des personnes tuées, blessées par balle et des maisons incendiées », relate le rapport.  En termes de bilan, le RNDDH indique que « du 4 au 8 novembre 2019, au moins vingt-quatre personnes ont perdu la vie au Bel-Air, cinq autres ont été blessées par balle. Vingt-huit maisons ainsi que sept voitures et quatre motocyclettes ont été incendiées. Deux autres maisons au moins ont été criblées de balles ». Dans ce rapport, le RNDDH déplore les événements sanglants survenus au Bel-Air. Selon l’organisme, ces événements « sont caractéristiques du niveau de banalisation de la vie par les autorités étatiques qui ne pensent qu’à protéger leurs intérêts politiques ». Le RNDDH a fait remarquer que la stratégie a été similaire dans le cas des autres « massacres ». « Tentative d’entente à l’amiable avec certains jeunes du quartier dans le but de les inviter à mettre fin aux mouvements antigouvernementaux ; attaques armées à l’encontre de la population de la zone en utilisant des rivalités entre gangs armés, la première tentative ayant échoué », fait remarquer le RNDDH. À cet effet, l’organisation de défense des droits humains a indexé des officiels qui auraient approché les habitants de Bel-Air. Il s’agit, selon le RNDDH, du ministre de l’Intérieur Pierre Josué Agénor Cadet et du secrétaire d’État à la Sécurité publique, Léon Ronsard Saint-Cyr. « Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Pierre Josué Agénor Cadet, a été la première personnalité du gouvernement à entrer en contact avec des jeunes de la zone de Bel-Air dans le but de leur demander de mettre fin à leur mouvement de protestation et de laisser aux autorités le soin de lever les barricades. Il n’a pas réussi à les convaincre. Dans le cadre de ce rapport, le RNDDH a tenté à plusieurs reprises de lui parler. Cela n’a pas été possible. « Le 6 novembre 2019, la maison ainsi que la motocyclette de Fedner Bruce ont été incendiées. Il est reproché au secrétaire d’État à la Sécurité publique, Léon Ronsard Saint-Cyr, d’avoir engagé le chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue, pour nettoyer la région métropolitaine et prendre le contrôle de Bel-Air afin d’empêcher la poursuite des rassemblements antigouvernementaux. Il lui a promis, pour la réalisation de cette tâche, une forte somme d’argent de laquelle Jimmy Chérizier, alias Barbecue, a déjà reçu une partie en liquide ainsi que plusieurs motocyclettes. Rencontré dans le cadre de ce dossier, Léon Ronsard Saint-Cyr a catégoriquement rejeté ces allégations qui, selon lui, n’ont aucun fondement. Il affirme avoir, comme tout le monde, entendu parler des événements sanglants de Bel-Air à la radio. Il a confirmé qu’une cellule de nettoyage a été mise en place par la secrétairerie d’Éat à la Sécurité publique, dans le but de déblayer différentes zones et de lever les barricades. Cette cellule, composée du Service national de gestion des résidus solides (SMGRS) et le Centre national des équipements (CNE), a été rapatriée par le Palais national. Enfin, il estime qu’à titre d’homme d’État, il ne saurait se lier à des bandits dont la place est derrière les barreaux », écrit le RNDDH, estimant qu’il est regrettable, une fois de plus, que des noms d’autorités de l’État soient cités dans le massacre d’une frange de la population, mobilisée pour réclamer la garantie et la jouissance de ses droits.  Par ailleurs, le RNDDH juge « inadmissible que, malgré les dénonciations relatives à l’implication de Jimmy Chérizier, alias Barbecue, dans différents massacres, à cette date, il n’a jamais été interpellé, pas plus qu’il n’a fait l’objet de poursuites judiciaires ». Pourtant, poursuit le RNDDH, « les rapports d’enquête de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), de l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IGPNH) et d’organisations de défense des droits humains fournissent des indices clairs et concordants sur le rôle qu’il joue généralement dans ces différents massacres ».  « Le RNDDH invite le pouvoir exécutif à réviser ses stratégies d’intervention et recommande aux autorités policières et judiciaires d´enquêter sur le massacre survenu au Bel-Air et d’identifier les agents de l’unité spécialisée BOID ainsi que toutes autres personnes qui y ont pris part ; d’enquêter sur l’attaque responsive enregistrée le 6 novembre 2019 à Laborde et à la rue Saint-Martin et d’identifier tous les policiers impliqués dans celle-ci ; d’identifier et sévir contre tous les agents de la PNH qui protègent Jimmy Chérizier, alias Barbecue ; d’identifier toutes les personnalités de la classe politique haïtienne et du secteur privé des affaires qui sont de connivence avec Jimmy Chérizier, alias Barbecue, en vue de les poursuivre conformément à la loi ; de poursuivre toutes autorités étatiques qui, de connivence avec les gangs armés, se rendent responsables des attaques armées perpétrées contre la population ; et d’intervenir pour ramener le calme au Bel-Air et permettre la reprise des activités socioéconomiques », conclut le rapport.