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Le Nouvelliste

L’IBESR ne cache pas son impuissance devant des orphelinats illégaux disposant de gros budget

Feb. 18, 2020, midnight

« Maltraitance, malnutrition ou abus sexuels sur mineurs sont les raisons pour lesquelles des centres ont été fermés. Vu les intérêts en jeu, qui ne sont pas ceux des enfants, il n’est jamais facile de parvenir à fermer ces maisons d’enfants qui fonctionnent sans autorisation », a répondu Arielle Jeanty Villedrouin pour expliquer pourquoi tous les centres dont les noms figurent sur la liste rouge continuent de recevoir des enfants. Pour fermer un seul orphelinat, mis à part les énormes pressions exercées par les responsables sur l’IBESR, explique-t-elle, il convient aussi de travailler avec les parents de l’enfant pour voir s’ils peuvent le prendre en charge, ou, à défaut, sa famille élargie, sinon une maison d’accueil ou un centre adéquat.  Entre-temps, la directrice de l’IBESR a fait savoir qu’il est formellement interdit d’ouvrir de nouvelles maisons d’enfants. Les contrevenants à cette mesure seront pénalisés. Tout comme le placement, replacement et déplacement des enfants ne peut se faire sans une décision administrative de l’IBESR ou une décision judicaire. Arielle Jeanty Villedrouin annonce aussi que des mesures seront prises concernant le financement des maisons d’enfants. C'est sur une chaîne de télévision américaine qu’elle a appris que la maison d’enfants où le drame a eu lieu avait un budget de 6.6 millions de dollars US. « Je suis écœurée de voir le budget de cette maison qui n’avait plus de permis de fonctionner. Nous allons essayer de retracer le financement de ces centres avec l’aide des ambassades. Nous voulons aussi réorienter le financement de sorte que l’accompagnement des familles ait plus de fonds (70%) que les orphelinats (30%). L’une des façons de combattre le financement de ces centres, est de pénaliser ces gens», a-t-elle confié, avant de faire appel aux mécènes qui financent des maisons d’enfants qui fonctionnent dans l’illégalité pour qu’elles n’agissent plus de la sorte. Les enfants rapatriés, des responsables convoqués au parquet Quelques jours après le drame, la directrice de l’IBESR a fait savoir qu’une cellule d’urgence a été créée pour prendre le contrôle de la situation et surtout récupérer les enfants restant qui ont vécu cette tragédie afin de leur offrir un encadrement médical et psychosocial. L’IBESR a appris que ces enfants ont été transférés dans un centre à Thomassin. L’accès a été refusé à l’IBESR, qui a fait appel à la Brigade de protection des mineurs (BPM) et le chef du parquet de Port-au-Prince. « Ces gens étaient agressifs, ils ont essayé de cacher les enfants, mais en présence d’un juge de paix nous avons récupéré 28 d’entre eux qui sont placés dans un site de transit de l’IBESR », a assuré Mme Villedrouin. Frantz Louis Juste, substitut au parquet de Port-au-Prince, responsable de la cellule sur la traite des personnes, a annoncé la convocation des responsables de l’orphelinat au parquet ce vendredi dans le cadre de l’enquête sur ce drame. Depuis 2011, Arielle Jeanty Villedrouin rappelle que l’IBESR a lancé une évaluation qui permettra d’avoir une cartographie des maisons d’enfants dans le pays. En 2018, une autre évaluation a révélé que seulement 35 maison d’enfants sur 754 avaient rempli les conditions pour avoir une autorisation de fonctionner. 136 d’entre elles étaient en cours de régularisation. « Il n’est pas moins vrai qu’il y a une prolifération des maisons d’enfants dans le pays, a reconnu la directrice de l’IBESR. Au cours de ces cinq dernières années, l’IBESR a fermé 167 maisons d’enfants qui accueillaient parfois 80 ou 100 enfants. Mais seulement deux ont été fermées à cause des turbulences politiques ».