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Le Nouvelliste

Le ministre de la Justice dénonce une tentative de coup d’État des policiers protestataires, le BINUH préoccupé

Feb. 27, 2020, midnight

Les principaux axes routiers étaient bloqués et les activités commerciales paralysées le lundi 24 février à Port-au-Prince et les zones avoisinantes. Les rues de la capitale étaient désertes et des barricades dressées sur les principales routes de la capitale coupée des autres villes du pays. Très remonté, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique a dénoncé une tentative de coup d’État des policiers protestataires. Accompagnés de membres de la population, les policiers protestataires ont encore gagné les rues lundi créant de la panique sur leur passage. Dans un communiqué, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) a exprimé ses plus vives préoccupations face aux nombreux « incidents contraires à la devise de la Police nationale d'Haïti (qui est de "protéger et servir" le peuple haïtien) au cours de la semaine écoulée et qui continuent de violer les droits de paisibles citoyens et envenimer la situation économique du pays » « Les attaques orchestrées contre le quartier général des Forces Armées d'Haïti (FADH), faisant blessés et morts, ainsi que contre la presse, notamment les incendies de véhicules, de génératrices de radio télévision Caraïbes et les agressions contre ses locaux sont autant d'actions néfastes enregistrées durant cette journée du 23 février 2020. Aussi, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique condamne fermement ces actions, qui s'apparentent à une récupération politique, car il s'agit, de plus en plus, d'une tentative de coup d'État contre un président de la République élu légitimement par le peuple haïtien », lit-on dans la note du ministère de la Justice. « On ne saurait tolérer aucun acte tendant à remettre en question la liberté d'expression et une presse libre et indépendante si chèrement acquises », a lancé le ministre. Selon Jean Roudy Aly, « les revendications des policiers, aussi légitimes qu'elles soient, ne peuvent aucunement justifier ces actions horribles qui se renouvellent de plus en plus, exposant par ainsi la sûreté de l'État et violant les droits de paisibles citoyens, dont les véhicules sont confisqués et leur libre circulation perturbée. En dépit des décisions prises par le gouvernement pour juguler la crise, des individus se présentant comme des policiers protestataires, accompagnés d'individus encagoulés et armés, vont jusqu'à s'attaquer à des soldats et à des policiers en service, sous prétexte de défendre des droits ». « Quel peut être l'avenir du pays et de l’institution policière quand des agents de l'ordre, utilisant leur statut et les équipements de l'État qui leur sont confiés pour servir et protéger la population, s'associent à des individus de tout poil, illégalement armés, pour agresser les citoyens et leurs frères d'armes de la Police Nationale et des Forces Armées d'Haïti ? », se demande le ministre Aly dans le communiqué. Il a invité les policiers au dialogue pour trouver une solution à la crise et à prendre leur distance à l'égard des actes répréhensibles enregistrés ces derniers jours dans la capitale. Pour sa part, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a exprimé « sa vive préoccupation face aux graves incidents du dimanche 23 février qui ont fait au moins deux morts, une dizaine de blessés, des dégâts matériels et conduit à l’annulation des célébrations du carnaval à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien ». « Les Nations Unies appellent tous les secteurs de la vie nationale, en particulier les éléments de la police nationale revendiquant de meilleures conditions de travail, à éviter toute situation pouvant provoquer l’escalade des tensions et porter atteinte à la sécurité de la population. Elles lancent également un appel aux forces de sécurité afin que ces dernières interviennent de manière proportionnée et en pleine conformité avec les normes internationales », lit-on dans le communiqué du BINUH. L’organe de l’ONU en Haïti  encourage toutes les parties à rechercher des solutions par des moyens pacifiques dans le cadre du fonctionnement des institutions démocratiques et des paramètres établis par la Constitution de la République. De son côté,  les États-Unis ont aussi « condamné les violences récentes en Haïti et appelé les Haïtiens à rejeter la violence et à respecter l'état de droit ». « Nous encourageons tous les Haïtiens à engager un dialogue constructif en vue de résoudre leurs différends », a écrit l’ambassade des Etats-Unis en Haïti sur son compte Twitter. Le secrétaire général de l’OEA Luis  Almagroa, lui aussi, condamné les violences. « Nous condamnons la violence en Haïti et exprimons nos condoléances aux familles des victimes, a-t-il écrit sur son compte Twitter. Nous plaidons pour les solutions dont le pays a besoin: arrêt de la violence, la violence n'est pas acceptable sous aucune forme, et surtout elle n'est pas acceptable avec l’intention d’un changement violent du régime démocratique établi; dialogue politique; stabilité; formation d'un gouvernement et élections parlementaires dès que techniquement possible », a-t-il ajouté.