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Le Nouvelliste

« La désignation d’un membre au CEP contre un ambassadeur au Vatican », la proposition du gouvernement à l’Église catholique

Sept. 1, 2020, midnight

Le pouvoir exécutif semble être prêt à tout pour former un Conseil électoral provisoire dans l’espoir d’organiser les prochaines élections. Après la tentative du Palais national de court-circuiter les traditionnels secteurs du pays qui désignent généralement des membres au CEP, c’est à l’Eglise catholique que le gouvernement propose la nomination au Vatican d’un ambassadeur de son choix en échange de la désignation d’un membre à l’institution électorale, a dénoncé en chair, le 29 août, l’évêque des Nippes, Mgr Pierre André Dumas. Le président de la République semble être engagé dans une véritable course contre la montre. Alors qu’il est forcé par la communauté internationale d’organiser les élections dans le plus bref délai, Jovenel Moïse se trouve dans l’incapacité de former un Conseil électoral provisoire crédible.  « Un ministre m’a appelé la semaine la dernière pour me dire Monseigneur quel compromis obtenir. On nomme pour l’Eglise un ambassadeur au Vatican en échange de la désignation d’un membre au Conseil électoral provisoire », a révélé à ses ouailles Mgr Pierre André Dumas à l’occasion de la fête de Saint Jean-Baptiste le Martyr, le 29 août dernier. « Nous sommes dans une situation extrêmement difficile et douloureuse où des gens ne comprennent pas le rôle de l’Église dans la cité. Quand un ministre vous demande une pareille chose, il ne comprend pas le sens de la vérité », a critiqué le prélat. Depuis qu'il a provoqué la démission en bloc des membres du Conseil électoral provisoire de Léopold Berlanger le 24 juillet dernier, le président de la République cherche en vain à reconstituer l’institution électorale.  Alors que les principaux secteurs clés de la société restent réticents à désigner des membres au CEP, le Palais national tente de les court-circuiter… Face au refus de la Fédération protestante d’Haïti de désigner un membre au CEP, le Palais national a décidé d’inviter l’organisation confidentielle « Force des églises évangéliques pour le développement social (FOEEDES) » à le faire à sa place. Dans une correspondance envoyée le 24 août dernier à Richard Thomas, président de la FOEEDES, le chef de cabinet du président de la République, Nahomme Dorvil, lui a demandé de désigner un représentant au sein du CEP. C’est aussi le cas du secteur de défense des droits humains. Le Palais national a décidé d’ignorer les organisations réunies au sein de la Plateforme de défense des droits humains (POHDH) qui, généralement désignent un représentant au CEP après les échanges avec les organisations du secteur, pour inviter le « Regroupement d’organisations nationales de droits humains (RONADH) » et la « Ligue haïtienne du Nord et du Nord-Est pour la défense des droits humains » à désigner chacun un membre au Conseil électoral provisoire. Les deux organisations ne sont pas connues de la presse. Alors que la Fédération des barreaux d’Haïti n’a pas l’habitude de désigner de représentant au CEP, le président de cette fédération a révélé mardi matin sur radio Magik 9 avoir reçu une correspondance de la présidence l’invitant à désigner un représentant au Conseil électoral provisoire. « La Fédération des barreaux avait décidé de ne donner aucune suite à cette correspondance de la présidence. Le contexte ne s’y prête pas. Les conditions ne sont pas réunies pour qu’il y ait des élections. La population a d’autres préoccupations. », a fait savoir Me Jacques Letang. « La sécurité constitue l’une des questions à aborder en priorité aujourd’hui », a-t-il ajouté.  Dans une correspondance en date du mardi 26 août 2020 adressée au président de la République, Jovenel Moïse, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a sommé le chef de l’État d’organiser les élections législatives au plus tard à la fin du mois de janvier de l’année prochaine.