this used to be photo

Le Nouvelliste

L’ONU fait part d’une prise en charge tardive des enfants abandonnés des Casques bleus

Jan. 24, 2020, midnight

« Ils vous mettent quelques pièces de monnaie dans la main pour vous faire donner un bébé. » C’est le titre de l’étude sur les enfants issus de familles de soldats de la paix en Haïti réalisée par Sabine Lee de l’université de Birmingham et Susan Bartels de l’université de Queen's, Ontario. 265 personnes ont raconté des histoires mettant en scène des enfants engendrés par le personnel des Nations unies. Certains participants ont évoqué des cas de viol ou de violence sexuelle. Les Haïtiens interrogés ont pour la plupart raconté des histoires décrivant un modèle courant où les femmes recevaient de petites sommes d'argent ou de la nourriture contre des rapports sexuels. Dans une tribune publiée le 22 janvier 2020 par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), signée de Catherine Pollard, sous-secrétaire générale des Nations unies pour la stratégie de gestion, la politique et le respect de la Charte et Jean-Pierre Lacroix, sous-secrétaire général aux opérations de paix, il est fait état d’une prise en charge des victimes bien que tardive. « Nous avons créé un fonds d'affectation spéciale qui aide directement les victimes et les autres personnes en danger à gagner leur vie. En Haïti, les Nations unies et leurs partenaires permettent aux enfants nés d'exploitation et d'abus sexuels d'aller à l'école et aident les mères à trouver un emploi, notamment en créant leur propre entreprise », ont-ils indiqué. Ces deux hauts responsables des Nations unies engagés dans la politique de tolérance zéro du Secrétaire général ont fait savoir qu’ils « feront tout [leur] possible pour prévenir l'exploitation et les abus sexuels, traiter les cas lorsqu'ils se produisent et soutenir les victimes et leurs familles - y compris les enfants engendrés par le personnel des Nations unies - et veiller à ce que les questions de paternité soient traitées de manière globale. » Il faut souligner que la reconnaissance de ces enfants nés de soldats Casques bleu en Haïti a toujours été une exigence des femmes haïtiennes. Me Mario Joseph, qui milite depuis longtemps aux côtés des victimes, n’a jamais cessé d’exiger une assistance économique, des soins médicaux, un appui psychosocial et une aide juridique à ces femmes. Toutefois ce militant des droits humains dénonce cet arrangement obtenu entre l’ONU et certaines victimes comme des manigances obscures pour leur fournir une assistance dérisoire. « Il s’agit de la poudre aux yeux. Ces femmes reçoivent un peu d’argent d’une ONG qui ne leur permet même pas de subvenir à leurs besoins », conclut-il.  Me Mario Joseph,va plus loin en indiquant que l’ONU doit restituer aux mères l’argent qu’elles ont dépensé pour élever leurs enfants qui sont âgés de huit ou dix ans. Cette récente étude profondément troublante menée par les deux scientifiques qui ont interviewé 2500 personnes en Haïti, fait état de « récits révélant que des filles, dont certaines d’à peine 11 ans, ont été abusées sexuellement par des Casques bleus ». Nombre d’entre elles sont tombées enceintes, puis ont été laissées dans la misère pour élever leurs enfants, souvent parce que les pères ont été rapatriés une fois la grossesse connue en laissant les mères sans aucune assistance par la suite.