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Le Nouvelliste

Pour la rédemption de la société haïtienne

Nov. 26, 2020, midnight

Nous sommes trop proches de cette population haïtienne pour que nous ne soyons pas - nous du Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP) - le porte-étendard de ses frustrations, palpitations, revendications, calamités, craintes, peines et angoisses. Notre récente tournée dans les villes et communes du Nord du pays nous conforte dans nos préoccupations sur le mal existentiel d’une couche vulnérable de la société : les femmes. Elles vivent dans la grande épouvante de ce fléau de viol en série, devenu monnaie courante, dans divers coins de nos quartiers privés de présence policière et d’électricité. Leurs témoignages et confessions sont aussi poignants que révoltants. Leur peine s’avère plus grande, plus redoutable, plus cruelle que la peine capitale qu’elles réclament pour ces malfrats qui violent leur pudeur ; blessent leur amour-propre ; s’attaquent à leur féminité ; détruisent la source de leur fierté, de leur jouissance sentimentale, affectueuse ou sexuelle. Ces viols en série, dans ces coins reculés du pays, sont étouffés par ce sentiment de honte que les victimes éprouvent, les obligeant à se taire, comme si elles se faisaient complices de leurs bourreaux dans une sorte d’autoflagellation. Elles sont loin des yeux des organisations de défense des droits de la femme; elles sont privées de l’assistance psychologique, morale, d’une quelconque institution de l’État. Ces femmes violées sont condamnées à vie à perdre le goût de la sexualité, par dégoût, par dépit pour cet acte de procréation, pour cette source de plaisir charnel chez les humains, donc, naturel. Nous ne pouvons ne pas être consternés par ce fléau dangereux et pervers pour la santé publique, surtout, pour la santé mentale de nos sœurs, filles, femmes et mères. À une certaine époque, les cas de viol, dans les sections communales, étaient isolés, insignifiants et portaient le nom de leurs auteurs, voués à la vindicte populaire, à la sanction, à la réprobation de toute la communauté. Désormais, ils portent le masque de l’anonymat et de l’impunité de ces pervers, sous l’emprise de la drogue et instruits, par de plus grands qu’eux, à partir des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux, grâce à la magie de l’Internet, et, à la popularisation des outils de téléphonie mobile. En ce temps-là, les jeunes des sections communales ne fumaient pas de la marijuana, ne consommaient pas de drogue dure, comme si cette activité était légale. De fait, elle se pratique à présent librement dans tous les espaces publics et semble être libéralisée, voire, légalisée puisqu’elle ne fait l’objet d’aucune interdiction, poursuite ou contrainte des autorités policières et judiciaires. Le viol en série des femmes, dans tous les quartiers du pays, devient un danger public et appelle, en conséquence, une intervention urgente de l’État, une mobilisation réprobatrice très forte des couches saines de la société. Sinon, il va s’ajouter à la banalisation de l’acte sexuel, à l’offre d’autre goût sexuel pervers par les réseaux sociaux et les médias électroniques, à la désagrégation de la famille pour accélérer l’effondrement total de la société haïtienne. Notre observation n’est nullement frappée du sceau de la morale chrétienne, elle participe de la distance à établir entre tout ce qui doit relever de l’individuel et du collectif, de la séparation claire et nette à faire entre les choix individualistes et le collectif dans une quête permanente du bien public et commun. Nous ne pouvons construire la bonne société haïtienne avec une masse de citoyennes vivant avec les séquelles et les stigmates d’un viol, avec une population entière traumatisée par le kidnapping, les exactions des gangs armés et «bandits légaux». Avec des citoyennes et citoyens qui doivent se noyer dans la drogue pour bafouer leur peur de vivre ou pour réveiller les pulsions cannibales du démon qui sommeille en eux. Nous appelons, donc, les nationaux authentiques, les citoyennes et citoyens de bonne volonté, de bonne foi, de bon commerce à faire front commun pour conjurer cette débâcle sociétale résultant de la mauvaise gouvernance, du laisser-aller, du gaspillage des ressources humaines et matérielles, du règne des ténèbres, de l’iniquité, de l’infamie.  Cette dégénérescence résulte, surtout, de l’aliénation de tout ce qui constitue notre   essence, notre ‘‘nous-mêmes’’ profond : culturel, patrimonial et historique. C’est à ce noble combat patriotique pour la rédemption, la réhabilitation de la société haïtienne que le RDNP invite les Grenadiers, les Guerriers de lumière, les Magistratures morales. Les seuls à souffrir de cette dégénérescence, dans leur âme et dans leur cœur, donc, les plus aptes à se révolter contre cette misère sociale, cette détresse économique et cette désespérance politique actuelles. C’est la vocation des élites de «Changer la vie en Haïti». C’est la mission des forces vives, saines et conscientes d’imprimer de nouvelles orientations à la société, de prendre les premiers la direction du chemin et des chantiers des espérances concrètes.  Pour la réhabilitation de la société, pour nos enfants, pour nos Aïeux.  Ensemble, ensemble, ensemble jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP