Le Nouvelliste
Mgr Pierre André Dumas appelle Jovenel Moïse et l’opposition au dialogue et à la sagesse pour éviter le chaos
Feb. 5, 2021, midnight
Selon la Conférence épiscopale, le président de la République doit respecter la Constitution. L’Église est claire dans sa position, rappelle Monseigneur Pierre André Dumas, appelant les responsables à tirer des conclusions. « Lorsque vous adoptez une décision, vous entrez dans la dynamique de cette décision, si vous voulez rester cohérent et faire les choses de manière correcte, vous devez appliquer pour vous la même décision appliquée aux autres. Vous n’êtes pas au-dessus de la loi et des normes. Lorsque quelqu’un se trouve dans cette position (c’est-à-dire au sommet), il prend des engagements et jure de respecter la Constitution de son pays », a soutenu Mgr Dumas sur le plateau de « Sa k ap kwit ? ». « L’Église ne veut pas un bain de sang. Vous ne pouvez pas écrire l’histoire à travers des lettres de sang, il faut l’écrire à travers une capacité d’amour dégagée pour votre peuple qui vous donne le pouvoir. Ce dernier n’est pas une finalité en soi. Le pouvoir est là pour servir, apporter le bonheur et le progrès... », exhorte Monseigneur Dumas qui appelle à la capacité du chef de l’Etat devant parvenir à une unité pour le bien de son pays. L’unité, ajoute l’évêque, doit être une préoccupation pour tout le monde. Les attitudes de querelles des acteurs toujours prêts à frapper ne font qu’envenimer la situation, croit-il. Pour Monseigneur Dumas, les acteurs (protagonistes) savent quoi faire pour ne pas arriver au chaos que craint plus d’un. « Ce qui fait un pays est la capacité des acteurs d’entrer en dialogue, trouver le consensus, des compromis autour de ce qui n’est pas défini par la loi », rappelle le leader religieux, invitant les acteurs à trouver des solutions viables dans l’intérêt de la nation. Le responsable estime également que les forces vives doivent dire à la nation où elles veulent emmener le pays. Mais ce qui est certain : « les luttes intestines ne nous amènent à rien », estime l’évêque avant de soutenir que nous devons parvenir à réaliser des choses qui nous permettent d’avancer et de nous projeter vers le progrès. Dans son analyse plus globale de la réalité, Monseigneur Dumas évoque un « État haïtien qui devrait veiller à la sécurité, la vie et au bien de tous, mais qui a failli à ces tâches ». Pour le chef religieux, l’État devait faciliter une vie harmonieuse, intégrée et inclusive des citoyens dans la société. « Un responsable d’État n’a pas à se plaindre de sa responsabilité qu’il n’a pas su assumer. Il doit apporter une réponse à tel ou tel problème constaté. Lorsque vous faites des promesses, à un certain moment, il faut voir à quel point on en est afin de combler les vides... », soutient Mgr Dumas. Pour sortir Haïti dans sa situation de troubles, Monseigneur Pierre André Dumas plaide et insiste en faveur d’un dialogue sincère, honnête et humble entre les acteurs. « Nous remarquons que, à maintes fois, les acteurs ne veulent pas vraiment le dialogue. Chacun veut remporter la victoire, en exposant sur la table des positions arrêtées. Parfois, nous pensons à faire un monologue au lieu d’un dialogue. Pas d’humilité. Tout le monde pense posséder la réponse à tout », déplore le leader religieux, soulignant une perte de confiance au niveau de la population par rapport aux acteurs qui ne répondent toujours pas à l’appel. Même si la situation semble empirer, Mgr Dumas croit qu’il est temps de redonner au peuple sa dignité. L’évêque d’Anse-à-Veau/Miragoâne critique, du même coup, le comportement des élites (politique, économique, culturelle, etc.) ayant failli à leur mission d’amener ce pays à bon port. Pour éviter l’aggravation de la situation de crise, Mgr Dumas dit souhaiter que le président Jovenel Moïse, qu’il exhorte à respecter la Constitution, parvienne à trouver un compromis sérieux pour ne pas quitter le pouvoir de n’importe quelle manière. « Le président doit se laisser dominer par la raison et la sagesse », appelle-t-il. Toutefois, le leader de l’Église catholique affirme que « peu importe ce qui adviendra le 7 février, les Haïtiens doivent décider de ce qu’ils veulent faire avec la nation (le pays).