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Le Nouvelliste

Jovenel Moïse au temps des délicates manœuvres politiques…

Sept. 26, 2019, midnight

Le président Jovenel Moïse, sorti de son mutisme assourdissant sur fond de « peyi lòk » ponctué de casses, de pillages et d’incendie de véhicules et d’entreprises privées, a appelé à la tenue d’un dialogue pour monter un gouvernement d’union nationale lors d’une adresse à la nation diffusée à la télévision d’Etat à 2 heures du matin, mercredi 25 septembre 2019.Sur radio Magik 9 (100.9 fm, www.magikhaiti.com) et d’autres matinales, plusieurs leaders politiques interrogés n’ont juré que pour le départ du président Moïse qui, selon eux, n’a plus de crédibilité et de capacité de convocation pour lancer un quelconque dialogue national. En milieu de matinée, le journal a cependant appris que le président Jovenel Moïse a contacté certaines personnalités dont l’ex-Premier Evans Paul, un allié devenu très critique envers le président, autour de la mise en place « d’une structure destinée à travailler pour arriver à un accord politique et à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ».Pour le moment, la mis en place de cette structure, « est une idée, une possibilité évoqué entre le président Jovenel Moïse et Evans Paul » qui avait ouvertement critiqué le président sur le choix de Fritz William Michel sans un accord politique préalable. Il faut attendre la formalisation de tout ça, la composition et les termes de références pour que ce qui n’est qu’une idée de discussions, de « négociations politiques », a ajouté une source proche du pouvoir.« Le poste de Premier ministre est sur la table. C’est à l’issue du consensus trouvé dans le cadre d’un dialogue politique que le Premier ministre du gouvernement d’union nationale sera choisi », a confié une source gouvernementale estimant que Fritz William Michel est une page tournée par la force des choses et par le fait que le président à tendu la main aux forces politiques en vue de monter un gouvernement d’union national. Si le consensus obtenu par le dialogue désigne Fritz William Michel se sera lui ou un autre qui dirigera le gouvernement, insiste notre source. Si l’adresse à la nation de Jovenel Moïse est perçue comme l’estocade aux ambitions de Fritz William Michel d’entrer à la Primature après ses mésaventures au Sénat, le journal a appris que le président Moïse serait mécontent du peu de soutien accordé à M. Michel par des ministres en poste. Le fait de débarquer du gouvernement démissionnaire, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Reynaldo Brunet, s’inscrit dans ce cadre, a appris le journal. La même chose est reprochée au ministre de l’Economie et des Finances, Ronald G Décembre. Pierre Josué Agénor Cadet a accepté de cumuler les deux portefeuilles de l’Education et de l’Intérieur. Le ministre des TPCT a refusé les Finances. C’est pour cela que M. Décembre est encore en poste aujourd’hui, a appris le journal. Autour de l’actuel grand argentier de la République le projet présidentiel de le mettre à pied n’est plus un secret.Interrogé par le journal, un député de la majorité présidentielle a indiqué « que rien n’est clair en ce qui concerne le Premier ministre Fritz William Michel. Il ne peut que démissionner de son propre chef. Le président Jovenel Moïse ne peut pas, constitutionnellement, le renvoyer. Le processus tracé par la Constitution indique qu’il faut un vote de confiance ou de censure de la politique générale », a indiqué ce député qui souligné que le vote de 76 députés en faveur de la politique générale de Fritz William Michel et l’appui d’au moins 14 sénateurs n’est pas rien.« La Chambre des députés ne peut pas perdre la face », a insisté ce député qui brandit une menace. Ces députés ont des alliés dans leurs circonscriptions. Ils savent qu’ils jouent leur survie politique à l’approche des élections. Ils constatent que par la violence, la minorité  – un mélange de transfuge du PHTK et de lavalas – , empêche l’aboutissement du processus de ratification du Premier ministre Fritz William Michel pour mettre hors-jeu le Parlement et ouvrir la voie à un accord politique avec des partis politiques et la mise en place d’un gouvernement d’union national. Il ne peut pas y avoir de gouvernement d’union nationale sans les députés, a longuement expliqué ce député. « Si le président Jovenel Moïse fait ses manœuvres tout seul, il risque de prendre l’avion tout seul », a pesté ce député.En milieu de journée, en certains points de la zone métropolitaine où le trafic était plus important ce mercredi, des barricades ont cependant été signalées. Le journal a vu des automobilistes être rançonnés par des individus qui tenaient ces barricades. Entre-temps, vendredi, des partis politiques de l’opposition appellent à manifester à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays.Le président Jovenel Moïse, confronté à une nouvelle convulsion politique, a ressorti la carte du dialogue politique. Il crée des structures à cet effet qui n’ont, a appris le journal, pas obtenu les appuis promis par le chef de l’Etat. Au point qu’aujourd’hui, certains de ses alliés sont dans un attentisme sceptique quand le président lance des appels au dialogue…