Le Nouvelliste
«La suppression des frais des internes des universités privées est une décision arbitraire et totalement inappropriée», dénonce la Conférence des doyens
Jan. 20, 2020, midnight
La décision du ministère de la Santé publique et de la Population de mettre fin aux allocations de 9000 gourdes habituellement versées aux internes des universités privées a ouvert la voie à des interventions pertinentes des acteurs travaillant dans le système sanitaire haïtien. La commission d'éducation américaine qui s'occupe des médecins étrangers a donné jusqu'à 2023 pour que les différentes facultés de médecine du monde entier se mettent au diapason avec les nouvelles normes pour être reconnues aux États-Unis et de manière concomitante au Canada. Trois ans avant la date butoir, plus d'un se demande que font les universités pour répondre à ces normes rigoureuses. Que font le MSPP à travers sa direction de formation pour les accompagner ? La dernière note signée du directeur général du MSPP semble ne pas tenir compte de cette échéance et de la nécessité de travailler afin de crédibiliser les facultés de médecine en Haïti. Dans cette note, le ministère avoue avoir de grandes difficultés à contrôler les finissants des universités privées pourtant reconnues par l'État haïtien. Depuis, les internes des universités privées ont utilisé plusieurs moyens de protestation dont une marche, organisée le lundi 20 janvier 2020. Dans une note de protestation rendue publique le dimanche 19 janvier 2020, c'est au tour de la Conférence des doyens des facultés de médecine reconnues de dénoncer la décision prise par le MSPP. La Conférence des doyens exprime son total désaccord en quatre points. «La décision d'accorder des frais aux internes des universités privées a été prise avec les rectorats des universités concernées, cette décision ne peut donc être remise en question sans concertation avec lesdites universités», argue la conférence des doyens, qui ne cache pas son étonnement par rapport à cette décision. Cette décision unilatérale, poursuit la note de la conférence des doyens, crée des préjudices de toutes sortes aux familles des internes issus des universités ainsi pénalisées tout en soulevant des questionnements relatifs au partenariat public/privé. «En prennant cette mesure discriminatoire, le MSPP crée un profond malaise au sein de la conférence permanente des doyens et des facultés de médecine officiellement reconnues d'Haïti dont la mission, essentiellement, consiste à renforcer l'esprit de coopération et de mutualisation des ressources qui existe entre les différents acteurs intervenant dans la formation des professionnels de santé en Haïti», écrit la Conférence des doyens en guise de protestation contre cette note qualifiée d'arbitraire et totalement inappropriée dans le contexte haïtien. La note de protestation est signée du Dr Daphnée Benoît Delsoin, doyenne de la faculté de médecine et de l'université de la fondation du Dr Aristide, du Dr Jean-Claude Cadet, doyen de la faculté de médecine de l'université d'État d'Haïti, du Dr Christian Raccurt, doyen de la faculté de médecine de l'université Quisqueya, du Dr Roger Vilfort, doyen de la faculté de médecine de l'université Notre Dame-d'Haïti, du Dr Élie Nicolas, doyen de la faculté de médecine de l'université Lumière. Copie conforme a été envoyée au Dr Fritz Deshommes, président de la CORPUHA, au Dr Marie Gréta Roy Clément, ministre de la Santé publique et de la Population, M. Pierre Josué Agénor Cadet, ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Claudy Junior Pierre