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Le Nouvelliste

La FMP reporte son concours d’admission, ferme ses portes : les étudiants protestent…

Sept. 5, 2019, midnight

Les portes de la Faculté de médecine et de Pharmacie, des écoles de Biologie médicale et d’optométrie de l’université d’Etat d’Haïti sont fermées. C’est en tout cas ce qu’a informé, sans aucune précision, une note publiée par le décanat en date du 2 septembre 2019. Contacté par la rédaction, le doyen de la Faculté, Gérard Marie  Jean-Claude Cadet, a fait état d’une « situation très délicate ». «  Ils (étudiants) pensent que tout leur permis…Hier (lundi dernier), ils ont essayé de faire une violence inadmissible à l’endroit de certains professeurs qui faisaient le choix des examens (à la bibliothèque)», déplore le doyen, justifiant, entre autres causes, la décision de fermer l’institution. Ce mercredi, les étudiants ont gagné des rues pour protester contre cette décision de fermer les portes de la faculté. Vers midi, ils se sont dirigés vers la Polyclinique 17-29 où se trouve le cabinet du docteur Jude Milcé, vice-doyen de ladite faculté. Sous les regards apeurés des patients, ils ont semé la pagaille en s’attaquant à l’espace physique de l’institution où ils ont causé certains dommages. Ils s'en sont pris à la galerie où étaient exposées les photographies des médecins ayant marqué l’histoire de la polyclinique. L’événement se serait même déroulé en présence des forces de l’ordre qui n’ont pas réagi à temps. « C’est un acte de vandalisme tout simplement. L’espace où l’on reçoit des malades n’a aucun rapport avec la faculté. Ils (les étudiants) avaient une volonté de faire du désordre. Ils sont venus et l’ont fait. Il y a des sérieux préjudices…. », s’est exprimé Max Harry Titus, membre du conseil d’administration, évoquant le constat d’un juge de paix. « Ils ont fait fuir mes patients. Ils ont fait du désordre. Je ne les condamne pas. Notre société n’a plus de limites. Mais je pense que la société n’a plus de limites », réagit le docteur Jude Milcé avec un certain calme. Leur requête est inadmissible, d’après le doyen Cadet Le doyen de la Faculté explique que la plupart des étudiants dirigent des préfacs qui préparent les postulants au concours d’admission.  Dans le cadre d’un processus démocratique, les étudiants ont le droit d’être des observateurs au cours des examens, mais leur demande est inadmissible, soutient Dr Gérard Marie Jean-Claude Cadet. « Ils veulent être non seulement observateurs, mais aussi des surveillants. S’ils sont des surveillants, il y a immédiatement conflits d’intérêts. Ils peuvent bien entrer en contact avec les étudiants qui étaient leurs anciens élèves au niveau des préfacs. De fait, on aurait des doutes sur la valeur des examens…C’est inadmissible qu’ils soient et observateurs et surveillants », A la tension à la faculté s’ajoute le climat d'insécurité générale du milieu, avance le doyen Cadet, qui entend protéger les professeurs qui fréquentent l’espace. Mais la faculté sera rouverte incessamment, après qu’ils auront géré la situation, rassure le responsable évoquant la responsabilité du décanat de faire fonctionner la faculté avec honneur. Le doyen rappelle qu’ils ont des partenaires étrangers qui les regardent, sans compter les exigences du processus de l’accréditation internationale. Or, dit-il, la requête des étudiants (pensant que tout leur  est permis) va à l’opposé de ladite accréditation. « Si on fait ce qu’ils demandent, on perdra l’accréditation internationale », craint le Dr Gérard Marie Jean-Claude Cadet. En effet, dans une note pour la presse datant du 2 septembre 2019, le comité des étudiants rappelle qu’ils ont signé un protocole d’accord avec le représentant du décanat de la Faculté, le doyen Cadet, sur le déroulement du concours. Une manière, disent les membres du comité, de corriger les irrégularités techniques et logistiques entachant le concours l’an dernier, mais surtout pour préserver la sa crédibilité et sa transparence. Pour eux, fermer la faculté est un acte arbitraire qui aura de grandes conséquences sur la population. Ce matin, les étudiants ont tenu une assemblée avant de décider de bloquer la circulation dans les parages de la FMP.  Ils expliquent avoir tenté d’engager des dialogues non aboutis avec les responsables du décanat. Ils ont acheminé lettre et pétition, mais aucune réponse ne leur a été donnée, selon le président du comité Jephté Emmanuel Mathieu. Le concours d’admission, une véritable pomme de discorde à la faculté… Durant cette dernière décennie, le concours d'admission a toujours créé entre décanat et étudiants. Depuis la décision du professeur Mario Alvarez d'intégrer les étudiants à un certain niveau dans l'organisation du concours d'admission, les étudiants ont pignon sur rue dans l'observation du choix des questions, la vérification des copies des lauréats, entre autres. Après le départ du professeur Mario Alvarez, puis la crise de 2009 qui a laissé un climat assez tendu entre le décanat et les étudiants, ce privilège est devenu un droit, du moins dans la compréhension des étudiants. D’un côté, le décanat reproche aux étudiants de vouloir remplir des rôles administratifs, cherchant à imposer une marche à suivreaux professeurs choisissant les questions d'examen. De l’autre, les étudiants reprochent au décanat de ne pas être assez transparent et de n'avoir pas compris la responsabilité de toutes les entités constitutives de la faculté de médecine de l'UEH dans la crédibilité du concours d'admission. Pour les étudiants, historiquement, la faculté de médecine de l'UEH a déjà connu des doyens qui ont voulu favoriser une classe sociale au détriment d'une autre dans le concours d'admission. La participation du comité des étudiants dans le processus d'organisation du concours vise à assurer, au-delà du décanat actuel, que tous les postulants soient sur un même pied d'égalité. Entre la raison de l'un et le raisonnement de l'autre, il y a  un déficit de confiance ainsi qu'une grave crise de communication entre les deux parties, comme il en existe souvent à l'Université d'État d'Haïti. Réalisé en collaboration avec Claudy Junior Pierre.