Le Nouvelliste
Tension à Port-au-Prince pour réclamer la libération des cinq policiers emprisonnés dans le cadre de l'enquête sur l'exécution du bâtonnier Monferrier Dorval
Sept. 14, 2020, midnight
La région métropolitaine était en ébullition le samedi 12 septembre. Pas moins d’une vingtaine de véhicules immatriculés Service de l’Etat ont été incendiés à Delmas, à Nazon, à Turgeau, à Bois-Verna et au Champ de Mars. Des policiers et des riverains protestaient ainsi contre le transfert au pénitencier national des cinq policiers chargés de protéger la résidence du bâtonnier Monferrier Dorval. « Les barricades ont été érigées à Nazon quand nous avons appris la libération des policiers. Ils ne pouvaient pas subir cette injustice », a tempêté un riverain à Nazon, qui s'est présenté comme un voisin de deux des policiers incriminés. Un cortège de plus d’une cinquantaine de motards a défilé dans les rues de la capitale samedi dernier. Certains portaient des uniformes de la police. La grande majorité était armée et ils ont semé la pagaille dans plusieurs endroits de la région métropolitaine. incendiant des véhicules immatriculés Service de l’Etat. Ils ont fait une pluie de balles au carrefour de l’aéroport avant de prendre la direction de la route de Delmas. Des commerces se sont empressés de fermer à l’arrivée du cortège. En plus des véhicules incendiés, des barricades ont été érigées dans plusieurs endroits de la capitale, notamment à Delmas 30, Delmas 32, Delmas 75, à Nazon, Bois-Verna, entre autres. Le Premier ministre Joseph Jouthe a joué au pompier Les policiers Doddeley Pierre, Mackenson Cléus, Markenson Prévil, Angou M. Orcel et Sénèque, auparavant auditionnés et incarcérés à l’IGPNH, avaient été transférés au pénitencier national sur décision du commissaire du gouvernement a.i de Port-au-Prince, Me Ducarmel Gabriel. Ces policiers sont dans le viseur de l’IGPNH et du parquet de Port-au-Prince depuis que la résidence de Me Monferrier Dorval a été cambriolée alors qu’ils étaient censés surveiller la propriété où le bâtonnier avait été assassiné. Intervenant ce samedi matin sur Caraïbes FM, à l’émission "Ranmase", le Premier ministre Jouthe a appelé à la libération des 5 policiers. « Je viens de passer des instructions au ministre de la Justice pour qu’il suive ce dossier de près. Au niveau de l’exécutif, nous avons demandé que les auteurs matériels et intellectuels soient trouvés et jugés. Mais les policiers, en aucun cas, ne sont pas impliqués dans l’assassinat de Me Dorval », a estimé Joseph Jouthe. Le Premier ministre a plus loin mis en garde contre toute injustice contre les hommes en uniforme. « Comme chef du CSPN, je suis le premier des policiers, donc je suis leur protecteur. Je ne veux pas qu’ils subissent des abus. S’ils ont commis des fautes administratives, ils doivent répondre devant l’Inspection générale. Si l’IGPNH conclut qu’ils ont commis une faute pénale, ils seront déférés devant leur juge naturel. Cela dit, il n’est pas question que l’on retienne les policiers au pénitencier national. Car, selon mon enquête, ils ont commis une faute administrative », a-t-il poursuivi, appelant le ministère de la Justice et le parquet de Port-au-Prince à la raison. A la mi-journée, le commissaire du gouvernement a signé une exequatur permettant la libération des policiers. Selon ce document, les policiers doivent être remis au directeur adjoint de l’UDMO, Guerlens Bazile, pour être transférés à l’IGPNH et placés en isolement. Le journal s’est entretenu avec l’inspecteur général en chef, Hervé Julien. Selon lui, l’IGPNH n’a retenu aucune faute pénale contre les policiers. « L’enquête diligentée n’a révélé que des négligences assimilables à des fautes administratives. L’enquête a aussi révélé que les policiers Markenson Prévil, Angou M. Orcel avaient eux aussi quitté leur poste d’affectation le jour où on suppose que le cambriolage a eu lieu, ce qui a motivé leur mise en isolement. Le parquet n’est certes pas obligé de s'en tenir à notre décision, mais si on nous a demandé de mener l’enquête, on doit nous accorder un minimum de crédit. L’IGPNH est une entité technique. Nous n’émettons pas d’opinion », a-t-il déclaré.