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Le Nouvelliste

L’énergie du désespoir

Sept. 24, 2020, midnight

L’Administration Moïse/Jouthe est, soit hantée par les démons de la malchance et du mauvais sort,  soit frappée d’un subit accès de folie discordante et furieuse. Dans les conditions sociopolitiques actuelles, croire qu’un pouvoir, décadent et décrié, peut former un Conseil électoral, avec un mandat si ambitieux, audacieux et étendu, relève de la démence, de l’absurdité, de la bêtise… Quelle que puisse être la garantie obtenue d’une des puissances maîtresses du monde, elle devrait tenir compte des faits et réalités socio-politico-historiques de ces trente dernières années, pour savoir qu’un pouvoir soutenu seulement par l’étranger est au bout du rouleau. Donc, il doit ou  il va faire ses valises, selon nos analyses et réflexions, au sein du Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes, (RDNP)! C’est de la démence de croire que la société civile, dans ses composantes saines, pourrait gober comme un œuf un Conseil formé, sans consensus politique préalable, en dehors des normes ou provisions constitutionnelles. En pareille situation, les pouvoirs de l’après-86, même assurés d’un certain ancrage ou assise populaire, ont toujours recherché un minimum d’entente avec des partis politiques représentatifs pour lancer des compétitions électorales. Et là encore, les résultats de ces joutes ont été, soit contestés, soit annulés, avec les conséquences désastreuses pour les finances de la République et pour la stabilité politique du pays, en particulier. C’est de l’absurdité de parler de « referendum constitutionnel », sans débat public, ouvert, large, comme si déjà la société haïtienne s’était mis d’accord pour sauter les verrous constitutionnels, en cette matière. Certes, l’opinion publique commence, timidement, à accepter l’idée d’une autre Constitution en vue de régler l’organisation politique globale du pays; sans, toutefois, vouloir accorder un blanc-seing à un régime rongé par les mites des actes manifestes de corruption, de mauvaise gouvernance, de tentation totalitaire, de prévarication, d’incompétence. D’ailleurs, quelle mesure l’Administration se propose-t-elle de demander à la population d’approuver ou de rejeter ? L’idée d’une autre Constitution a germé pour changer justement le régime séculaire, prédateur, improductif, mangeur de rêves, source d’instabilité, de misère, de discrimination. Projet national qu’on ne saurait, même dans un accès de folie collective, confier à un petit clic  de bambocheurs dénués de raison. Certes et pour répéter André Suarès, « la folie est le rêve d’un seul, mais la raison est sans doute la folie de tous ». Au RDNP, nous sommes convaincus que pour gouverner un pays, il faut s’appuyer sur la raison afin de pouvoir concrétiser le rêve de tous. C’est de la bêtise, selon nous au RDNP, l’idée d’associer un projet de réforme constitutionnelle à ceux de formation d’un Conseil électoral et d’organisation d’élections.  Le cas échéant — avant même le résultat des travaux d’une Assemblée constituante — comment pourrions-nous aller aux élections pour pourvoir des postes, comme il a été spécifié dans ce fameux Arrêté, suivant les prescriptions et provisions d’une Charte à changer ou à modifier? Ce n’est même pas mettre la charrue avant les bœufs; c’est, simplement, démentiel et démoniaque. Pareil à ce projet de nommer des membres d’un Conseil qui vont passer leur temps, comme leurs prédécesseurs, à être très inefficaces et inefficients. À être bien blanchis et nourris, aux frais princiers d’une République qui devrait être modeste, rigoureuse sur les dépenses futiles, plus soucieuse d’honorer des dettes sociales séculaires envers des couches marginalisées de la population. Les membres de cette institution, qui doit être crédible et inspirer confiance, sont à peine nommés qu’ils sont l’objet de lazzis et quolibets des internautes ; ce qui, dans l’opinion publique, renforce les doutes sur leur professionnalisme, leur compétence, leur intégrité et, surtout, sur leur indépendance par rapport au pouvoir en place.   L’actuelle Administration n’a que le seul mérite de travailler, inconsciemment ou malgré elle, à rendre urgent le projet de changer le régime politique en Haïti, en raison de son cynisme grotesque, de ses actes sordides. Ainsi, d’impulser l’énergie utile à ce sursaut collectif pour « Changer la vie en Haïti », de susciter l’indignation et le réveil des forces vives et saines pour qu’elles prennent en main le destin du pays et assurent l’avenir des générations montantes. C’est, du moins, le combat du RDNP, celui d’attirer la plus vive attention des citoyennes et citoyens, de bonne volonté, de bon commerce et de bonne foi, sur le danger qui nous guette, de combattre cette grande désaffection politique des gens sérieux et honnêtes. C’est celui de rassembler les nationaux, démocrates et progressistes, dans la direction du chemin, des chantiers des espérances concrètes. Une direction perdue, depuis l’assassinat lâche et crapuleux de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines qui, sans conteste, se révèle la cause de tous les malheurs du pays, de l’asphyxie de l’économie nationale, de la calamité de l’écrasante majorité de la population. Grenadiers, Guerriers de lumière, Magistratures morales, nous ne pouvons pas assister sans nous révolter contre l’établissement du règne des ténèbres, contre cette montée audacieuse et fulgurante des « bandits légaux », des gangs armés, contre la satrapie des fossoyeurs de la Patrie commune. Réveillez-vous, rassemblez-vous, affirmez-vous, prenez en main la barque du pays à la dérive sur une mer houleuse, agitée.    Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP